Migrants : Les compagnons de l’ombre
Des citoyens témoignent de leurs initiatives pour épauler les exilés livrés à eux-mêmes. En toute humilité.
dans l’hebdo N° 1489 Acheter ce numéro

© AFP/steven wassenar
À l’entrée de Ouistreham, un grand rond-point sert de balise aux jeunes exilés et aux habitants prêts à leur tendre la main le temps d’un repas, d’une discussion ou d’une partie de foot. La nuit, ceux qu’ils surnomment « les copains » dorment dans un bois. La journée, ils guettent les camions qui filent vers le port. Les rêves d’Angleterre de ces jeunes Soudanais ne se sont pas encore évaporés. Si cette route alternative vers la Manche a toujours existé, le nombre d’exilés stagnant dans cette ville normande a augmenté en 2017. « L’hiver arrivait, la ville ne voulait pas ouvrir de locaux pour les abriter et rien n’est pire que dormir dans ce bois ! Avec les personnes présentes, nous avons monté spontanément le Collectif d’aide aux migrants de Ouistreham, surnommé Camo, divisé en branches [Camododo, Camorepas… NDLR] », résume Sophie, qui préparait parfois des repas. Face à la détresse d’un jeune homme malade, cette enseignante spécialisée lui a ouvert les portes de sa maison. À partir de là, sa chambre d’amis n’est plus restée sans invités très souvent.
« En 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, j’ai eu honte d’être française, mais ce n’était rien comparé à ce que je ressens aujourd’hui. Je veux leur montrer que la France, ce n’est pas uniquement la loi, c’est