Pauvreté : Ce sans-abri inconnu

N’en déplaise à Julien Denormandie, il y a des milliers de SDF en Île-de-France, et 11 sont morts depuis le début de l’année.

Politis  • 13 février 2018
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Pauvreté : Ce sans-abri inconnu
© photo : ROLLINGER-ANA / ONLY FRANCE

Au moins onze personnes sont mortes dans la rue à Paris depuis le 1er janvier. Certaines n’ont pu être identifiées. Les 16 000 places d’hébergement d’urgence ouvertes toute l’année dans la capitale ne suffisent pas. Le Samu social, qui reçoit en moyenne 6 000 appels par jour, ne peut en traiter que 1 300. Et ce, malgré les 12 écoutants recrutés l’hiver et les deux ajoutés depuis le lancement du plan grand froid, le 5 février.

Tous les départements sont concernés. Mais, contrairement à New York, Bruxelles ou Athènes, ni Paris ni la France ne recensent les sans-abri. Les seuls chiffres disponibles sont ceux du Samu social, qui comptabilise le nombre d’appels au 115 restés sans solution. Soit de 2 500 à 3 000 par nuit à Paris. Ou ceux de l’Insee, selon qui 103 000 adultes ont utilisé au moins une fois les services d’hébergement ou de restauration dans les agglomérations d’au moins 20 000 habitants en 2012. Mais cela ne prenait pas en compte les plus petites communes ni les personnes en abri de fortune ou ne faisant appel à rien. Et ce chiffre n’a pas été réactualisé. Il y aurait près de 400 000 sans-abri en France d’après l’anthropologue Patrick Declerck.

Dans ce contexte, la déclaration de Julien Denormandie a fait scandale. Réagissant au rapport 2018 de la Fondation Abbé-Pierre, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires a affirmé que seuls « une cinquantaine d’hommes isolés en Île-de-France » avaient dormi dans la rue la veille. Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Louis Gallois, a dénoncé « une volonté politique de minorer le nombre de SDF » et a réclamé un « travail de fond ». Juste après la rue, il y a les bidonvilles : 120 en région parisienne. « Dormir dans des conditions indignes, cela concerne des milliers de personnes, voire des dizaines de milliers. » Et c’est Valérie Pécresse, présidente (LR) de la Région, qui l’affirme.

Société
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