Omar Robert Hamilton : « Qu’on se souvienne que la révolution a été un espoir »

Dans La ville gagne toujours, Omar Robert Hamilton retrace le parcours de jeunes activistes égyptiens, de 2011 jusqu’à la dictature militaire. Un roman noir et vibrant.

Christophe Kantcheff  • 21 mars 2018 abonné·es
Omar Robert Hamilton : « Qu’on se souvienne que la révolution a été un espoir »
La place Tahrir, au Caire, le 8 avril 2011.
© MISAM SALEH/AFP

Le Caire, octobre 2011. Khalil, Mariam, Hafez et bien d’autres sont plongés dans la révolution qui, depuis son avènement le 25 janvier, bat encore son plein. Ce sont de jeunes activistes dont l’occupation première est de produire une contre-­information sur les luttes et la répression. Khalil collecte des sons et réalise des émissions de radio en podcast sur Internet. Mariam aide aussi sa mère, médecin, en lui fournissant du matériel d’urgence.

La ville gagne toujours est d’abord un roman d’action, nerveux, foisonnant, au cœur de l’histoire en train de se faire. ­Contrairement à Fabrice del Dongo à Waterloo, les protagonistes jugent avec précision les événements, mais ils ne les maîtrisent pas pour autant. Au début, tout semble encore possible, tandis que l’amour de Khalil et Mariam est né dans ce tumulte enthousiasmant. Mais déjà quelques doutes se profilent. Dans la rue, la violence des forces de l’ordre tue trop de manifestants, parfois encore enfants, laissant leurs familles dans l’absolu chagrin. Régulièrement, le roman interrompt sa narration pour laisser place au portrait d’un de ces parents de « martyrs », pour qui la révolution est désormais synonyme de deuil.

Parmi les activistes, des interrogations sur ce qu’ils auraient dû mieux faire surgissent. Et la perspective de l’élection présidentielle à venir est vécue par beaucoup comme un piège : « Comment est-ce qu’on peut voter quand l’armée contrôle les circonscriptions et les bureaux de vote, quand les Frères distribuent gratuitement de la nourriture dans tout le pays ? C’est une mascarade, et voter lui donne de la légitimité. »

Ainsi, La ville gagne

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Littérature
Temps de lecture : 8 minutes