Froid massacre à Gaza

L’armée israélienne a tiré sur des manifestants gazaouïs pacifiques vendredi. Bilan : seize morts, 1 400 blessés.

Denis Sieffert  • 1 avril 2018
Partager :
Froid massacre à Gaza
© Créditnphoto : Mohammed ABED / AFP

Seize Palestiniens tués, 1 400 blessés, c’est le bilan des salves de tirs à balles réelles de l’armée israélienne, vendredi 30 mars, contre une manifestation pacifique dans la bande de Gaza.

Pour justifier ce qui s’apparente à un massacre ordonné de sang froid par le gouvernement israélien, les autorités ont eu recours à tout l’arsenal habituel de la propagande : « Menace terroriste » ; « Menace contre l’intégrité du territoire ». Cela, au mépris de toute évidence.

En vérité, il s’agissait bien de rassemblements pacifiques, souvent familiaux, aux abords de la frontière israélienne qu’il n’a jamais été question de franchir. Ce n’est certes pas la première fois, loin s’en faut, qu’Israël répond par une violence extrême, jusqu’à donner la mort, à des rassemblements de résistance pacifique. Mais jamais la répression n’avait connu une telle ampleur face à une foule désarmée.

Ajoutant le cynisme au crime, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est empressé de féliciter l’armée. Les manifestations du 30 mars avaient un double objectif. Il s’agissait de commémorer la Journée de la terre qui se réfère à l’expulsion des Palestiniens de leurs villages en 1976.

Il s’agissait aussi d’attirer l’attention d’une communauté internationale indifférente sur le sort de la population de Gaza soumise à un terrible blocus depuis onze ans. Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, s’est prononcé pour l’ouverture d’une enquête « indépendante et transparente ». Il y a bien peu de chances pour qu’il soit entendu. Israël n’a que faire des institutions internationales, et les Etats-Unis bloquent toute tentative de résolution.

La violence contre les formes de résistance pacifique aggrave le sentiment des Palestiniens d’être dans une impasse totale. Un sentiment qui ne peut que renforcer les groupes jihadistes. C’est sans doute ce que souhaitent les stratèges de la droite et de l’extrême droite israélienne qui jugent que leur pays est plus à l’aise sur le terrain militaire.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« La Syrie sous Assad était un régime du silence »
Entretien 8 décembre 2025 abonné·es

« La Syrie sous Assad était un régime du silence »

Un an jour pour jour après la chute du régime de Bachar Al-Assad, Arthur Sarradin, journaliste et écrivain, revient sur les traumatismes d’une Syrie effondrée après quatorze années de guerre civile.
Par William Jean
En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral
Syrie 8 décembre 2025 abonné·es

En Syrie, le récit des survivantes de l’enfer carcéral

Il y a tout juste un an, le régime Assad tombait. Pour faire plier ses opposants, il avait eu recours à l’emprisonnement des femmes. Comme les hommes, elles ont été torturées, affamées et pour beaucoup violées. Elles sont aujourd’hui largement invisibilisées et très souvent rejetées parce que considérées comme salies.
Par Bushra Alzoubi et Céline Martelet
« Les États-Unis veulent détruire et vassaliser l’Europe »
La Midinale 8 décembre 2025

« Les États-Unis veulent détruire et vassaliser l’Europe »

Richard Werly, correspondant en France du journal suisse Blick et auteur de Cette Amérique qui nous déteste aux éditions Nevatica, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins