Qu’est-ce que la ZAD ? Entretien avec Sylvaine Bulle
Pour cette sociologue du Cresppa, l’occupation telle que pratiquée à NDDL ou à Bure est la modalité concrète d’un nouveau militantisme politique.
dans l’hebdo N° 1498 Acheter ce numéro

La lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été nourrie, au fil du temps, par les différentes personnalités des occupants du bocage. La sociologue Sylvaine Bulle a passé plusieurs mois au sein de la ZAD pour enquêter sur cette expérimentation politique autonome. Elle nous livre ici ses observations (entretien réalisé avant l’expulsion commencée le 9 avril).
Quels sont les différents profils des habitants de la ZAD autres que les agriculteurs historiques ?
Sylvaine Bulle : Parmi les personnes présentes depuis le début à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, il y a celles qui viennent de l’écologie, des camps climat, de l’alternativisme, etc. Et d’autres qui sont issues du cortège de tête ou de l’anarchisme libertaire, et qui sont là pour faire sécession, instruire un rapport de force plus diffus en cherchant à attaquer l’État, la police ou les autorités judiciaires. Ceux-là posent plus globalement la question des rapports de domination dans la société, c’est-à-dire les rapports de race, de genre et évidemment de classe. Notre-Dame-des-Landes, c’est en effet la rencontre des paysans et des anarchistes. Même si ces cohabitations restent très imparfaites, elles définissent, selon moi, l’expérimentation politique qui se joue sur la ZAD.
La « solution Larzac », soit une gestion collective des terres par les acteurs de la lutte, pourrait-elle être un bon compromis, même pour les autonomes ?
La lutte du Larzac, dans les années 1970, comptait des utopistes libertaires, mais non-violents à 200 %. Le livre de Danièle Léger et Bertrand Hervieu, Le Retour à la