Jean-Baptiste Vidalou : « La forêt est un espace propice aux nouvelles formes de résistance »
Jean-Baptiste Vidalou puise dans la forêt des Cévennes, où il vit, l’inspiration pour de nouvelles formes de lutte. Et veut étendre la notion de « zone à défendre ».
dans l’hebdo N° 1513-1515 Acheter ce numéro

Refuge, communauté, lieu de vie, de passage, territoire sacré, propice à la méditation… La forêt plurielle est devenue un objet convoité par tous : politiques, industriels, passionnés des arbres… Philosophe et bâtisseur en pierre sèche, Jean-Baptiste Vidalou a puisé dans son vécu et son rapport à la nature pour donner à voir la forêt comme un être à part entière. Il la définit avec tendresse comme un bien commun à défendre et salue ces résistants en lutte contre le « temps des infrastructures » et des ingénieurs. Sa plume devient plus incisive lorsqu’il relate l’histoire de l’aménagement du territoire ou dénonce l’exploitation industrielle des zones forestières. Son livre Être forêts, habiter des territoires en lutte (1) est un plaidoyer pour une forêt libérée, respectée et ingouvernable : « La forêt n’est pas un gisement de biomasse, une zone d’aménagement différé, une réserve de biosphère, un puits de carbone ; la forêt, c’est un peuple qui s’insurge, c’est une défense qui s’organise, ce sont des imaginaires qui s’intensifient. »
D’où vient ce besoin d’écrire ce livre sur la multiplicité des forêts et des luttes ?
Jean-Baptiste Vidalou : Quand j’ai commencé à avoir les premières intuitions pour ce livre, je vivais avec ma compagne au cœur d’une forêt de châtaigniers, dans le parc naturel des Cévennes. Venant de la ville, nous n’avions pas beaucoup d’expérience de vie dans un milieu naturel aussi sauvage que celui-ci. Les sangliers venaient se nourrir au pied de notre maison ! C’était un choix pour expérimenter le contact direct avec la matière : faire son bois de chauffage, couper du bois dans sa propre forêt, le laisser sécher pendant plusieurs années, le débiter, le planer, enlever l’écorce et en sortir un meuble utile. Nous avons vécu une certaine forme d’autonomie. Puis le projet de centrale biomasse à Gardanne, près de Marseille, a pris de l’ampleur. De nombreux habitants des Cévennes se sont organisés en collectifs, car personne ne voulait