Comment l’État se disrupte lui-même
Justice « ubérisée », sécurité confiée à des start-up du numérique… Le processus de privatisation est entré dans une nouvelle phase, qui empiète sur les missions régaliennes les plus sensibles.
dans l’hebdo N° 1520 Acheter ce numéro

C’est un mouvement discret, qui inquiète de plus en plus les fonctionnaires qui l’observent. Sciemment ou non, par petites touches invisibles, l’État français est en train de déléguer à des entreprises privées des missions de justice, de police ou même de l’administration fiscale. Des multinationales, souvent américaines, surfent sur les dysfonctionnements et les lenteurs des services publics pour avancer des solutions « agiles » et « disruptives », transforment les missions régaliennes de l’État en business prometteur. Nous risquons une « perte des valeurs mêmes du service public sur des sujets aussi cruciaux que la santé, l’éducation ou la sécurité, au profit de celles d’entreprises dont l’aiguillon est par essence lucratif », affirment Clément Bertholet et Laura Létourneau, deux hauts fonctionnaires