Photojournalisme : un genre aimé mais maltraité

Plébiscité par le public, le photojournalisme reste en crise et les professionnels sont paupérisés.

Jean-Claude Renard  • 4 septembre 2018 abonné·es
Photojournalisme : un genre aimé mais maltraité
© photo : JAAP ARRIENS / NURPHOTO

Tout de même : 30e édition pour le festival inte­rnational de photojournalisme Visa pour l’image. Un rendez-vous indispensable à l’information, qui fait chaque année la part belle aux photoreporters à l’assaut des tourments du monde. Les guerres ici, les conflits ethniques là, les massacres, les bordels sanitaires, les bazars écologiques, les histoires intimes virant à l’universel.

Chaque année, réparti en différents lieux historiques de la capitale catalane, le festival (qui curieusement n’a pas d’équivalent aux États-Unis ou ailleurs) attire plus de 200 000 visiteurs durant une quinzaine de jours. Preuve que le genre attire, interpelle, rassemble. Parce qu’un bon photoreporter sait raconter une histoire. C’est toute la différence avec un photographe ordinaire muni de son smartphone.

Il n’empêche, terrifiant paradoxe, les photographes dérouillent sévèrement, soumis aux conditions de la presse, qui, sous l’effet de la crise, s’est éloignée du photo­reportage commandé et rémunéré. On observe une paupérisation du métier. « C’est même devenu l’ordinaire » des acteurs du genre, relève Jean-François Leroy, directeur et cofondateur de Visa pour l’image. Parce que les journaux ont presque tous cessé leurs commandes, parce que le temps est terminé où les agences couvraient (il y a encore une vingtaine d’années) 50 % des frais des photographes et reversaient autant sur les ventes.

À de rares exceptions près, les photographes doivent maintenant se reposer sur les institutions ou les fondations pour financer leurs reportages. Et en avril dernier, selon les chiffres du ministère de la Culture, on comptait près d’un demi-million d’euros de factures en souffrance pour les photographes, avec un délai de paiement allant jusqu’à 174 jours.

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