Une pétition demande le retour des diplômes d’herboriste
Les responsables des ordres luttent contre ces enseignements, supprimés par le maréchal Pétain. Mais de nombreux Français ont pourtant recours à des remèdes à base de plantes.

Une pétition adressée aux sénateurs, demande une nouvelle fois aux parlementaires et au gouvernement de réhabiliter les métiers liés à l’herboristerie. En rappelant que ce métier d’herboriste et le diplôme qui leur permettait d’exercer légalement cette profession, qui avait la confiance de centaine de milliers de Français, ont été supprimés et donc interdits par une loi du 11 septembre 1941 portant la signature du maréchal Pétain. Un texte publié moins d’un an auparavant, le 7 octobre 1940, à la demande du même chef de l’État français, portait la création du Conseil national des médecins qui deviendra quelques années plus tard l’Ordre des médecins. Ce qui n’est par un hasard puisque cette corporation, imité par l’Ordre des pharmaciens, a toujours lutté contre les herboristes, perçus, y compris de nos jours, comme des concurrents à écarter.
Après la promulgation de cette loi, les herboristes déjà diplômés purent continuer à exercer, mais le temps passant ils ont évidemment disparu. Leurs successeurs, installés dans l’illégalité, ont perdu l’essentiel des droits à vendre des plantes médicinales. Et évidemment, ils n’ont plus le droit d’indiquer sur leurs préparations ou sur celles qu’ils vendent qu’elles peuvent soigner un certain nombre d’affections ou de maladies bénignes. Ainsi, au moins théoriquement, les herboristes d’aujourd’hui n’ont pas le droit de dire ou d’écrire que les tisanes de thym sont un bon et efficace moyen de soigner un rhume ou qu’un autre produit peut soulager un mal d’estomac. Sous peine d’être poursuivis devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie.
Évolution de l’opinion publique
Pourtant, face à l’utilité de ces préparations à base de plantes et à l’intérêt de Français à la recherche de produits qui ne sont pas des préparations chimiques, beaucoup de pharmaciens se sont lancés dans la vente des médicaments naturels. Profitant de cette évolution de l’opinion publique envers les plantes, ils peuvent les vendre à des prix dépassant l’imagination, parce que les prix de ces produits non remboursés ne font l’objet d’aucun contrôle de la part des autorités sanitaires qui se contentent de vérifier, chez les herboristes, que les mots « médicaments » et « soigner » ne figurent pas sur les emballages, bocaux ou étiquettes.
Les auteurs de la pétition, une nouvelle fois, réclament donc le rétablissement d’un diplôme sanctionnant plusieurs années d’études universitaires. Cela donnerait une garantie aux patients désireux de calmer leurs petits maux du quotidien avec des plantes. Mais, comme lors de tentatives précédentes, les responsables des ordres pourraient bien vouloir maintenir une interdiction qui n’a plus guère de sens lorsque l’on examine les rayonnages des pharmaciens et de boutiques de bio…
La pétition a été signée par de nombreuses organisations dont la Fédération nationale d’agriculture biologique, la Fédération des paysans herboristes, l’école des Plantes de Paris ou Nature & Progrès. Ainsi que par un petit nombre de médecins et pharmaciens.
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