Les militants communistes désavouent leur direction

Les adhérents du PCF ont finalement rejeté le texte présenté par Pierre Laurent et le conseil national du parti. C’est donc un texte alternatif, « le Manifeste », qui sera débattu lors du prochain congrès.

Agathe Mercante  • 7 octobre 2018
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Les militants communistes désavouent leur direction
Photo: André Chassaigne, président du groupe des députés communistes à l'Assemblée nationale, et Fabien Roussel, député et secrétaire de la fédération du Nord, à la Fête de l'Humanité, le 15 septembre 2018 (© Michel Soudais)

Coup de tonnerre place du Colonel-Fabien. Alors qu’on les disait légitimistes, les militants du PCF ont fait preuve d’audace. Invités ce week-end à voter le texte qui sera débattu lors du prochain congrès du Parti, les 24,25 et 26 novembre prochain, les 30 000 votants ont préféré un texte alternatif à celui proposé par Pierre Laurent et le conseil national du parti. Une première.

La « Base commune », adoptée au mois de juin par la direction à une courte majorité n’a en effet récolté que 38 % des suffrages, contre 42,15 % pour le texte porté par le député du Puy-de-Dôme, André Chassaigne et l’économiste Frédéric Boccara, intitulé « Manifeste pour un Parti communiste du XXIe siècle ». Les deux autres textes, « Se réinventer ou disparaître » et « Reconstruire le parti de classe », ont respectivement remporté 11,95 % et 7,90 % des suffrages.

« Le vote des communistes n’a pas placé la proposition de base commune du conseil national en tête. J’en prends acte », a sobrement reconnu le secrétaire national, Pierre Laurent, dans un communiqué samedi soir. Un cruel désaveu pour le patron des communistes, qui briguait un quatrième mandat. Échec du Front de gauche, erreurs de communication, négociations avortées avec la France insoumise… Les signataires du « Manifeste » demandent à faire un inventaire rigoureux de l’action de la direction du PCF ces dernières années et, sans le nommer, de l’action du secrétaire national. Une position de faiblesse qui réduit les chances de Pierre Laurent de se maintenir à la direction du PCF.

Déjà, bruissent les rumeurs de démission tandis que le nom de Fabien Roussel, député et secrétaire départemental de la puissante fédération du Nord, est sur toutes les lèvres quand il s’agit d’envisager un successeur au sénateur de Paris. « On veut tout faire pour éviter que le parti ne s’organise en tendances. Le défi est de rassembler tous les communistes », assure le député du Nord au Monde.

Mais si la victoire du « Manifeste » satisfait ses signataires, le texte n’est pas majoritaire. L’issue des votes montre l’étendue des divisions au sein du PCF. « Les résultats sont très partagés », note à juste titre Pierre Laurent, qui rappelle : « Nous avons une nouvelle base commune pour discuter et pas de majorité à ce stade pour avancer. Nous avons donc devant nous un immense débat à poursuivre sur nos choix et un immense défi à relever pour la construction commune, l’unité et le rassemblement des communistes jusqu’au congrès. » Un vœu pieu ?

Politique
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