L’Ukraine fracturée

Deux échéances électorales prochaines pourraient rebattre les cartes d’un conflit qui s’enlise depuis 2014.

Hugo Boursier  • 7 novembre 2018 abonné·es
L’Ukraine fracturée
© photo : Petro Porochenkoncrédit : Mustafa Ciftci / ANADOLU AGENCY

Le 11 novembre, la République populaire de Donetsk (RPD) fêtera ses quatre ans et demi d’existence. Celle-ci et celle de Louhansk forment les deux entités pro-russes qui se sont séparées de l’autorité de Kiev. Leur référendum d’autodétermination, tenu le 11 mai 2014 et dont les bases démocratiques sont contestées, a ouvert un nouveau chapitre dans la récente histoire de l’Ukraine. Il est intervenu six mois après le début de la guerre civile entre les pro-européens de l’Euromaïdan, soutenus par l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, et les russophiles proches de l’ancien président Viktor Ianoukovitch.

Ce dernier avait refusé, le 21 novembre 2013, un accord d’association avec l’Union européenne (UE), sorte de première étape avant la conduite d’un important rapprochement économique. C’est l’étincelle. S’ensuivent des manifestations qui causent la mort de plusieurs dizaines de personnes à Kiev, jusqu’à la destitution, votée par le Parlement ukrainien, du chef de l’État le 22 février 2014. Au fur et à mesure que les mois passent, des factions plus radicales s’introduisent parmi les pro-européens comme chez les opposants, dont certains sont proches du Parti communiste. Pour les premiers, ce sont notamment des milices d’extrême droite rattachées aux partis Svoboda et Secteur droit, deux violentes formations ultranationalistes. Pour les autres, un soutien actif de la Russie qui leur a permis de perdurer, tant sur le plan des finances que sur celui des armes.

Depuis, Petro Porochenko, qui a remporté les élections anticipées du 25 mai 2014, mène un mouvement de « désoviétisation ». Outre un certain nombre de lois allant dans ce sens, les anciens soutiens d’extrême droite n’ont pas tous été condamnés. La Crimée, ancienne région du sud de l’Ukraine, a quant à elle intégré la Russie après un référendum non reconnu par la communauté internationale. Les sanctions économiques de l’UE à l’encontre de Moscou sont une réponse à cette annexion. Un sujet d’actualité, puisque le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, voudrait que son pays se retire de ce dispositif, a-t-il annoncé au cours d’un voyage à Moscou en octobre.

Outre des violations quotidiennes du cessez-le-feu, l’échec des accords de Minsk se confirme une nouvelle fois avec l’assassinat, le 31 août dernier, du « président » de la RPD, Alexandre Zakhartchenko. Les citoyens de la RPD vont élire son successeur ce 11 novembre. Un remplacement qui pourrait ouvrir une nouvelle période dans cette région, Zakhartchenko étant le dernier chef de guerre historique. Le candidat Denis Pouchiline part favori. Ancien leader de la RPD entre avril et juillet 2014, il est connu pour être un interlocuteur diplomatique plus accessible que « Zakhar ». Mais une nouvelle élection présidentielle aura également lieu en Ukraine en mars 2019. Face à Petro Porochenko, un visage bien connu en Europe de l’Ouest : Ioulia Timochenko. En 2004, elle était l’une des figures de proue de la « révolution orange » qui, déjà, divisait la population entre « Européens » et « russophiles ». Face à l’incertitude de l’année qui vient, les deux élections auront au moins le mérite de braquer de nouveau les projecteurs sur cette région sensible.

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