Les Khméricains, retour en terre inconnue
Chaque année, après une condamnation en justice, des dizaines de Cambodgiens réfugiés aux États-Unis sont expulsés sur la terre de leurs ancêtres. Un pays étranger pour la plupart d’entre eux.
dans l’hebdo N° 1532-1534 Acheter ce numéro

À Phnom Penh, le mois d’août est particulièrement étouffant. Chaleur et humidité abrutissent les sens, et la circulation soulève des nuages de poussière qui, immédiatement, se collent à la peau. « Je n’arrive pas à me faire à ce temps, soupire Molly. Mais j’imagine que je finirai par m’y habituer. De toute façon, je n’ai pas le choix. À présent, c’est ici que je dois vivre. » En avril, elle a quitté sa vie aux États-Unis pour venir ici, sur la terre de ses ancêtres. Un départ contraint et forcé.
Molly est l’une de ceux que l’on surnomme les « Khméricains ». Leurs parents ont fui le Cambodge et les Khmers rouges à la fin des années 1970 pour se réfugier aux États-Unis. Eux font le trajet inverse, bannis sur une terre qu’on dit la leur, mais qu’ils ne connaissent pas, ou peu. Nés