Mal-logement : Combien d’autres « Marseille » ?
Il aura fallu l’effondrement de deux immeubles du quartier Noailles, en novembre, pour que l’alerte soit donnée. L’habitat indigne, dangereux pour la sécurité et la santé, est massif en France.
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Ils étaient entre 5 000 et 10 000 à manifester dans les rues de Marseille, le 2 février, « pour le logement et pour la ville ». « En quarante ans de métier, treize manifestations depuis l’effondrement des deux immeubles rue d’Aubagne le 5 novembre, je n’avais jamais vu ça ! » se réjouit André Jollivet. Architecte urbaniste, figure du logement social local, à la retraite depuis peu, il se dit accablé par l’état de la deuxième ville de France : « Marseille est une ville pauvre, au centre ancien délabré, il y a des petites rues où tous les rez-de-chaussée sont fermés. » Résultat, selon lui, d’un processus à l’œuvre depuis un quart de siècle : « La municipalité n’a rien fait pour entretenir et réaménager la ville. L’État n’est pas là. Marseille a été abandonnée », lâche-t-il, amer.
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille depuis 1995 et élu municipal depuis 1965, a démenti les accusations d’incurie en réclamant dès le 8 novembre que l’État vérifie « tout ce qui peut apparaître aujourd’hui comme de l’habitat insalubre » à Marseille. La ville aurait engagé 200 millions d’euros dans le logement depuis 2005, dont 35 contre l’habitat indigne et 28 au profit du logement social. Une enquête de Radio France a cependant révélé le 1er février que les 2 millions d’euros débloqués par la ville en 2014 pour des travaux d’urgence n’auraient été utilisés qu’à hauteur de 15 %. « La ville ne fait rien contre les propriétaires d’immeuble récalcitrants. La préfecture ne préempte pas », soupire André Jollivet.
Depuis le drame de la rue d’Aubagne, la mairie a pris 147 arrêtés de péril. Autant que pendant les quatre années précédentes. En 2015, le rapport Nicol