Super bergère

Le portrait d’une jeune éleveuse de moutons en butte à de nombreux obstacles.

Christophe Kantcheff  • 26 février 2019 abonné·es
Super bergère
© crédit photo : KMBO

Les pieds dans la boue, la tête penchée vers ses moutons, qu’il pleuve ou qu’il vente, la jeune bergère est toujours bien maquillée. C’est une façon d’être, de se tenir, et ce qu’on devine être une permanence de son passé de citadine. Il y a quelques années, Stéphanie M. a en effet quitté Paris pour créer sa bergerie dans le Cotentin. Elle élève des moutons pour leur laine.

Ce qui apparaît d’emblée à travers la caméra de Delphine Détrie, dont c’est ici le premier long-métrage de cinéma mais qui a déjà beaucoup tourné pour la télévision, c’est la beauté du lieu, l’étendue verte des prés-salés, l’horizon où se mêlent les gris du ciel de la mer. Stéphanie M. a choisi cette existence au grand air, entourée d’animaux, elle qui était confinée dans des « bureaux gris » où elle exerçait le métier de graphiste. « Je n’ai pas du tout envie de retourner dans mon ancienne vie. J’ai tellement gagné en liberté, en autonomie, en humanisme que les petits inconforts matériels me paraissent beaucoup moins graves. »

Il n’empêche que la jeune femme rencontre de nombreuses difficultés. Ce sont les réglementations administratives qui, suivant des logiques comptables, favorisent les détenteurs de gros cheptels, au détriment de la valorisation du terroir et du maillage rural et social. Ce sont des éleveurs ou des voisins indélicats qui lui subtilisent des bêtes ou vandalisent ses enclos. Ce sont les gendarmes qui ne veulent entendre parler de rien.

Non héritière, venue de l’extérieur, femme, Stéphanie M. cumule les handicaps. Mais elle tient. Par sa volonté, son humour, son courage aussi. Avec son jeune fils et un compagnon, qui apparaissent discrètement. Delphine Détrie a réalisé un beau portrait de combattante au quotidien : une « super bergère ».

Jeune Bergère, Delphine Détrie, 1 h 31.

Cinéma
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