« Synonymes », de Nadav Lapid : Habiter une langue
En mettant en scène un personnage qui quitte sa patrie d’origine, Israël, pour s’exiler en France, Nadav Lapid, dans Synonymes, porte un regard sarcastique et singulier sur les deux pays.
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Synonymes déroute. Voilà qui rafraîchit dans un contexte cinématographique trop balisé. On croit pourtant reconnaître quelques citations, au début, du côté de Godard ou du Dernier Tango à Paris – l’histoire commence dans un appartement vide et le héros porte tout au long du film un manteau du même orange que celui de Marlon Brando. Fausses pistes. Ou, plus exactement, ces clins d’œil sont le signe d’une revendication avant toute autre chose : Synonymes est un objet artistique, pas un témoignage sur le réel, ni un de ces films à sujet qui faisaient jadis le bonheur des « Dossiers de l’écran » à la télévision et qui encombrent aujourd’hui les salles, qu’il s’agisse des problèmes de pédophilie dans l’Église catholique ou des affres de l’adoption.
Synonymes déroute parce qu’il ne s’embarrasse pas des ornements psychologiques ou sociaux du récit réaliste. Yoav (Tom Mercier) est un Israélien qui a quitté son pays alors qu’il y faisait son service militaire ; il va rencontrer Caroline (Louise Chevillotte) et Émile (Quentin Dolmaire), un jeune couple oisif et fortuné. On ne saura rien de plus des personnages, en tout cas pour les informations habituelles. Le film avance par motifs avec ellipses plutôt qu’au long d’une narration traditionnelle. Dans la mise en scène, chaque geste, chaque mouvement de caméra, chaque hors-champ a sa signification. C’est une
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