Drôle d’endroit pour un accueil
Depuis la loi asile et immigration, l’hébergement des migrants par les régions tourne au casse-tête. Pour pallier les défaillances de Lyon et Saint-Étienne, La Talaudière a ouvert… sa piscine.
dans l’hebdo N° 1552 Acheter ce numéro

Une piscine. C’est ce à quoi ont eu droit, en guise d’hébergement, une soixantaine de migrants arrivés à Saint-Étienne, dans la Loire. Après diverses expulsions, c’est finalement la maire de La Talaudière, une petite ville voisine, qui a proposé cette solution de secours. Grand bâtiment blanc posé sur une pelouse émeraude, la piscine en question a comme un air de vacances. Mais sitôt le seuil franchi, l’impression disparaît. À l’entrée, les tourniquets et les comptoirs des billetteries servent de tables de réfectoire. Au loin, le bassin extérieur est vide. Dans l’immense vestiaire désaffecté, on distingue difficilement le carrelage d’origine, recouvert par des dizaines de matelas collés les uns contre les autres. Des familles ont tendu çà et là des écharpes et des serviettes pour se créer un peu d’intimité. Les adultes vont et viennent, s’occupent de la cuisine ou du ménage, tandis que les plus jeunes rebondissent de matelas en matelas dans des cris assourdissants. Yllka (1), une enfant Albanaise de 11 ans, est soulagée : pour ses premières règles, elle dispose d’une salle de bains digne de ce nom, de serviettes hygiéniques et même de Doliprane. Quant à son frère, difficile de le faire