Gauche française : un gagnant, un perdant, un revenant et deux partants

Agathe Mercante  • 29 mai 2019 abonné·es
Gauche française : un gagnant, un perdant, un revenant et deux partants
© JOEL SAGET / AFP

EELV
Yannick Jadot
LFI
Manon Aubry
PP-PS
Raphaël Glucksmann
GÉNÉRATION.S
Benoît Hamon
PCF
Ian Brossat
Combien de voix ?

13,47 %

3 052 406

6,31 %

1 428 386

6,19 %

1 401 978

3,27 %

741 212

2,49 %

564 717

Combien d’eurodéputés ?

12

13 après le Brexit

6

5

6 après le Brexit

0

0

Quel groupe au Parlement ? Qui sont les élus ?

Groupe des Verts/Alliance libre européenne

Yannick Jadot*, Michèle Rivasi*, Damien Carême, Marie Toussaint, David Cormand, Karima Delli*, Mounir Satouri, Caroline Roose,
François Alfonsi, Salima Yenbou, Benoît Biteau, Gwendoline Delbos‑Corfield (+ Claude Gruffat)

Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique
(GUE/NGL)

Manon Aubry, Manuel Bompard, Leïla Chaibi, Younous Omarjee*, Anne-Sophie Pelletier, Emmanuel Maurel*

Alliance progressiste
des socialistes et démocrates
au Parlement européen (S&D)

Raphaël Glucksmann, Sylvie Guillaume*, Éric Andrieu*, Aurore Lalucq, Pierre Larrouturou
(+ Nora Mebarek)

Deux députés sortants, élus en 2014 sur la liste PS, étaient candidats dans les premières places de la liste : Guillaume Balas et Isabelle Thomas.

Deux eurodéputés sortants étaient candidats
dans les premières places de la liste :
Patrick Le Hyaric et Marie-Pierre Vieu.

Quelle ambiance
au soir du 26 mai ?

Au Hang’Art, café rue de Seine à Paris,
à 20 h, c’est boîte de sardines et brouhaha assourdissant, avec débord sur le trottoir. Mais si les mines sont réjouies, les commentaires sont graves : le bon résultat des écolos est surplombé par la première place de l’extrême droite. Ils se disent investis de « l’immense » responsabilité
de lui faire barrage, puisque Macron
et les autres y ont échoué.

Ambiance crépusculaire au Belushi’s,
le bar d’une auberge de jeunesse qui jouxte
la gare du Nord, où les insoumis avaient prévu de fêter leur victoire. Claquemurés dans une salle surplombant le zinc, les cadres de LFI, visiblement sous le choc,
ne se sont pas risqués à sortir dans l’espace où ne les attendaient que des journalistes et une poignée de militants.

La Bellevilloise, à Paris, a pris des faux
airs de soirée victorieuse, l’espace de quelques minutes, tant le soulagement était immense de dépasser les 5 %. Au mur,
pas une rose, et dans la foule clairsemée, aucun éléphant. Le PS respire encore,
mais endure le martyre.

Jusqu’au dernier moment ils avaient laissé planer le doute. Et puis finalement, non.
Dans un bar tenu secret vers la Bastille, Benoît Hamon et les cadres de Génération·s sont allés rejoindre, discrètement,
les militants parisiens pour boire quelques bières. Déçus mais combatifs, ils ont trinqué à des lendemains qui chantent…

Quelques cris d’horreur ont résonné,
place du Colonel Fabien, lorsque la petite centaine de personnes réunies a vu s’afficher le score. Le PCF n’aura donc aucun élu,
ne sera même pas remboursé de ses frais de campagne. Un certain espoir avait grandi autour de la candidature de Ian Brossat,
dont tout le monde saluait la « belle campagne ».

Quel bilan de la campagne européenne ?

« Les Françaises et les Français nous ont envoyé un signal très clair : ils veulent que l’écologie aussi soit au cœur du jeu politique, et ce message a été lancé dans toute l’Europe. »

Yannick Jadot

« Notre résultat n’est pas
à la hauteur de nos espérances et encore moins de nos efforts. Nous allons continuer la bataille contre les menaces écologiques qui s’avancent, et les injustices sociales qui s’aggravent. »

Jean-Luc Mélenchon

« Il y a en France un peuple
de gauche, il mérite des forces politiques qui acceptent de travailler ensemble pour donner aux Français ce qu’ils demandent, une alternative sociale et écologique »

Raphaël Glucksmann

« Je prends du recul.
Cela fait trois ans que je suis
en campagne permanente. J’aiderai au rassemblement
de la gauche sans exclusive
mais j’ai besoin de me poser
et réfléchir. »

Benoît Hamon

« À force de jouer avec le feu, Macron s’est brûlé ! La gauche doit se reconstruire et le PCF va
y consacrer tous ses efforts. Mais je le répète : pas d’adversaires
à gauche pour nous. »

Ian Brossat

Et après ?

Forts de leur résultat « historique »,
les écologistes prévoient une refonte du parti d’ici à l’automne, où ils se réuniront en congrès. En attendant, ils fourbissent leurs armes pour les élections municipales :
le samedi 1er juin, ils désigneront leur candidat pour la Mairie de Paris, au terme d’une primaire.

Les 6 élus sont partis mardi à Bruxelles pour s’installer dans leurs locaux et rencontrer des membres de la GUE. Les insoumis attendront l’assemblée représentative
du mouvement, fin juin, pour revenir sur
la séquence. Si leur programme, l’Avenir
en commun, ne devrait pas bouger, certaines choses pourraient être « reprécisées ».

Toutes les mouvances du PS s’estiment heureuses d’avoir « sauvé les meubles ». Mais les rancœurs sont tenaces et pourraient se retourner à tout moment contre Olivier Faure. Les socialistes regardent vers les municipales et leur université d’été de La Rochelle, qui sera « plus ouverte ». Une fusion avec PP n’est pas, pour l’heure, envisagée.

Déçus mais pas abattus, les cadres
de Génération·s se sont réunis à plusieurs reprises cette semaine pour faire le point sur leur défaite. Ils souhaitent œuvrer à un vaste rassemblement de la gauche et des écologistes contre un « vrai risque autoritaire » dans la perspective de 2022,
et peut-être avant.

Sonnés, les communistes tiennent cette semaine leur comité exécutif. Ils souhaitent contribuer à « reconstruire la gauche »
et misent pour ce faire sur les grands
rendez-vous à venir : référendum sur la privatisation d’ADP, réforme des retraites, université d’été, Fête de l’Humanité et élections municipales.

* Eurodéputé sortant.

Politique
Temps de lecture : 5 minutes