Algérie : le « système » au pied du mur
Depuis le 9 juillet, le gouvernement par intérim est illégitime. Le 5, le pays a connu une nouvelle mobilisation massive. La rue peut-elle l’emporter ? L’analyse de Redouane Boudjema.
dans l’hebdo N° 1561 Acheter ce numéro

Jusqu’où le pouvoir algérien est-il en mesure de s’accrocher ? Alors que l’usure de vingt vendredis consécutifs de défilés commençait à se faire sentir, la mobilisation du 5 juillet, massive, pourrait faire date dans une révolution tranquille qui approfondit son sillon. En démontrant qu’il n’est aucunement saisi par la lassitude, le peuple met ce qui reste du système au pied du mur. La démission du président de l’Assemblée nationale, le 3 juillet, est considérée comme une péripétie. Et les arrestations d’anciens dignitaires du régime, qui se poursuivent, ne font pas plus illusion qu’il y a quelques semaines, interprétées comme des règlements de comptes internes au système. La rue réclame toujours avec force que partent ceux qui ont pris la place d’Abdelaziz Bouteflika, au premier rang desquels le général Ahmed Gaïd Salah, le chef de l’armée et véritable homme fort du pouvoir actuel.
La foule crie aussi « FLN dégage », ce qui revient symboliquement à fermer un cycle de cinquante-sept ans qui a vu le parti né de la guerre d’indépendance accaparer le pouvoir avec l’armée et les services secrets. La rue s’est investie d’une mission de reconquête de la liberté et de la justice, confisquées en 1962, qui résonnait d’autant plus fort le 5 juillet que la revendication concernait aussi les militants emprisonnés par un pouvoir qui s’est nettement raidi depuis quelques semaines. Et pour des motifs qui semblent de plus en plus ubuesques au regard du rapport de force imposé par la société civile.
Ainsi, un homme est en prison depuis plus de cinq mois pour avoir contesté sur les réseaux sociaux l’ambition de Bouteflika de briguer un 5e mandat, quelques jours avant la mobilisation générale du 22 février, qui a vu des millions d’Algériens reprendre cette protestation. Des manifestants qui brandissaient des drapeaux amazighs ont été interpellés – seul le drapeau algérien est toléré, selon le général Gaïd Salah. L’indignation a atteint son comble avec la
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