Au Mali, la menace des groupes armés

Le pays est en proie à une escalade de la violence entre jihadistes et milices d’autodéfense ou para-étatiques.

Rémi Carayol  • 10 juillet 2019 abonné·es
Au Mali, la menace des groupes armés
© photo : Dans un camp de réfugiés à Bamako, des femmes ont fui les régions du centre du Mali en raison des violences.crédit : MICHELE CATTANI / AFP

Au Mali aussi, c’est un président « de gauche » qui tient les rênes du pouvoir. Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé « IBK », dont le parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), est membre de l’IS, a été élu en 2013 avec le soutien de la France et réélu en 2018 à l’issue d’un scrutin très contestable. À Bamako, les manifestations sont la plupart du temps autorisées, la presse est relativement libre et il n’y a pas d’opposants en prison. Mais, parmi les nombreux scandales politico-financiers qui ont éclaté ces six dernières années, touchant des proches du Président et des ministres, une affaire inquiète les journalistes : la disparition en janvier 2016 de l’un d’entre eux, Birama Touré, qui enquêtait sur le député Karim Keïta, qui est également le fils d’IBK.

Hors de la capitale, le tableau est toutefois très différent. Sur une partie du territoire qui ne cesse de s’étendre, les libertés fondamentales sont menacées par les formations armées qui se sont multipliées depuis le déclenchement de la guerre, en 2012 dans le Nord tout d’abord, puis dans le centre à partir de 2015. Groupes jihadistes, milices d’autodéfense ou groupes armés para-étatiques : quels que soient leur nature et leur niveau de collaboration avec l’État malien, ils font régner la terreur dans les zones qu’ils contrôlent. Les groupes jihadistes imposent leur loi aux populations, et notamment la charia. Quant aux milices dogons, bambaras et peules, elles ont commis de nombreux massacres de civils ces derniers mois.

Si, pour un ministre du gouvernement actuel qui a requis l’anonymat, « IBK ne peut être tenu pour responsable » de cette évolution, plusieurs observateurs indépendants notent qu’au mieux il n’a rien fait pour changer la donne, et qu’au pire il a joué un rôle dans cette escalade des violences.

« Certains des groupes armés comme le Gatia, qui agit dans le nord-est du pays, ou Dan Na Ambassagou, actif dans le centre, qui ont commis des tueries avérées contre des civils, ont bénéficié de la complicité des autorités pour recruter et surtout pour s’armer », indique un responsable de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali. Ils ont également bénéficié d’une impunité totale. Les chefs de ces deux mouvements armés circulent librement dans le pays sans avoir jamais été inquiétés.

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