« La lutte antiterroriste est une rente »
Les États du Sahel s’alignent sur le refus français de tout dialogue avec les jihadistes. Yvan Guichaoua analyse leurs motivations et éclaire les réalités régionales.
dans l’hebdo N° 1561 Acheter ce numéro

Yvan Guichaoua est maître de conférences à la Brussels School of International Studies (Université du Kent). Spécialiste du Sahel, il est l’auteur de nombreux articles et rapports sur la gouvernance sécuritaire au Mali et au Niger. Il prépare un ouvrage sur la violence politique au Sahel.
Face aux groupes armés jihadistes qui gagnent du terrain dans la région sahélienne, le Mali, le Niger et le Burkina Faso semblent avoir opté pour la même stratégie, celle de la force. Pour quelles raisons ?
Yvan Guichaoua : Le Niger et le Mali ont une tradition de gestion de la contestation politique violente faite d’usage de la force, suivi souvent de méthodes plus pacifiques sous forme de cooptation individuelle ou collective. Les jihadistes étant catégorisés comme « terroristes », le dialogue est a priori banni. Mais ce dialogue existe néanmoins officieusement à des échelons locaux. Les populations et les édiles aux prises avec les