La Bosnie-Herzégovine, objet politique non identifié
Monstre institutionnel, le pays, victime des a priori contre l’islam, est touché par une émigration massive qui nourrit l’immobilisme politique, et voit la perspective d’une adhésion à l’UE s’éloigner.
dans l’hebdo N° 1570 Acheter ce numéro

Dimanche 4 septembre, sous le soleil estival de Sarajevo, environ deux mille personnes se sont réunies pour la première marche dans la capitale bosnienne en faveur de la cause LGBT. Sarajevo était la dernière capitale des Balkans à ne pas avoir suivi le mouvement. Durant un moment, les Bosniens (1) ont oublié la morosité dans laquelle se trouve le pays. Ce rassemblement est venu tordre le cou à beaucoup d’idées reçues. « Je suis confus. Sarajevo, cette ville censée être islamisée, wahhabisée, berceau du jihad […], a organisé, avec beaucoup de monde, de bonne humeur, et pas un incident, sa première gay pride », tweetait, non sans humour, l’enseignant à l’Université catholique de Lille et spécialiste des Balkans Loïc Tregoures, après le succès de l’événement.
Dans cet État où l’islam est la religion d’un habitant sur deux, les extrémistes voient une tête de pont idéale pour commettre des attentats en Europe quand d’autres, à l’instar d’Éric Zemmour, jugent l’islam incompatible avec la démocratie. Mais derrière cette peur, il y a cette vieille antienne de l’Europe chrétienne, que quelques personnalités voulaient inscrire dans le traité de l’UE en 2005. Parmi elles, Annette Schavan, vice-présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) allemande, suivie par les dirigeants des États membres du groupe de Visegrád (2), tel l’ancien Premier ministre polonais Jarosław Kaczynski, et le Premier ministre hongrois, Victor Orbán. Celui-ci déclarait en 2015 que « l’islam n’a rien à voir avec l’Europe. Il s’agit d’un ensemble de règles qui ont été créées pour un autre monde et qui a été importé sur notre continent ». La réponse du
Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :
Pour aller plus loin…

En Turquie, les Syriens face à un futur incertain

En Tunisie, l’oasis où la révolution fait datte

En Grèce, l’emprise du système Mitsotákis
