Pesticides : Des maires en pétard

Dans le sillage de Daniel Cueff à Langouët, des villes et des villages interdisent les épandages à proximité des habitations. L’État conteste les arrêtés pour plaire aux agriculteurs conventionnels, mais au mépris du principe de précaution et de la santé publique.

Vanina Delmas  • 11 septembre 2019 abonné·es
Pesticides : Des maires en pétard
© photo : Le maire de Langouët, Daniel Cueff, arrive au tribunal administratif de Rennes, le 22 août 2019.crédit : Sebastien SALOM-GOMIS/AFP

Pour ses innombrables soutiens, il est le « maire courage » qu’ils attendaient. Pour les agriculteurs conventionnels voisins de sa commune, ce serait plutôt « le shérif ». « Je me demande si je ne préfère pas qu’on m’appelle shérif finalement », glisse Daniel Cueff, taquin, lors d’une rencontre avec des Parisiens tout acquis à sa cause. Si la politique de Langouët est écologique depuis plus de vingt ans, le maire de cette commune bretonne de 602 habitants est devenu depuis cet été le symbole des maires assumant de faire passer la santé de leurs concitoyens avant les enjeux électoraux et les lobbys agricoles. Le 18 mai, il promulgue un arrêté municipal interdisant l’épandage de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». La préfète d’Ille-et-Vilaine lui demande de le retirer, le jugeant « entaché d’illégalité », car l’encadrement de ces produits est une compétence nationale. Le maire refuse au titre de ses pouvoirs de police générale en cas de circonstances particulières ou de péril imminent, et se retrouve poursuivi devant le tribunal administratif. Son arrêté est suspendu.

Dans son sillage, des édiles de toutes étiquettes politiques prennent la même initiative, selon la situation de leur commune : certains adaptent la distance, visent uniquement le glyphosate, d’autres étendent à tous les pesticides de synthèse… Parempuyre, près de Bordeaux, Murles (Hérault), Épron (Calvados), Val-de-Reuil (Eure), Trélon, Ohain et Villeneuve-d’Asq dans le Nord, Antony, Arcueil, Le Perray-en-Yvelines, Us en Île-de-France… Et le président du conseil départemental du Val-de-Marne a même signé, au nom du principe de précaution, un arrêté interdisant « l’usage de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate ou des

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Écologie
Temps de lecture : 10 minutes