Pesticides SDHI : à qui profite le crime ?
L’autorisation de fongicides potentiellement nocifs pour tout être vivant signe l’incapacité de l’Agence de sécurité sanitaire à protéger la population, juge Fabrice Nicolino dans un livre-enquête.
dans l’hebdo N° 1568 Acheter ce numéro

Fabrice Nicolino est un indispensable lanceur d’alerte, et il ne semble pas près de se calmer. Son dernier ouvrage, Le crime est presque parfait (1), s’inscrit dans la lignée d’autres dénonciations retentissantes, contre les pesticides notamment (2). Pour mettre en lumière les risques de cette chimie proliférante, mais surtout pour nous entraîner dans la quête des vrais responsables. Il bondit, le 15 avril 2018, à la lecture de la tribune signée dans Libération par neuf chercheurs qui alertent sur les très sérieux dangers sanitaires d’une récente classe de pesticides. Il s’agit surtout de fongicides, qui inhibent l’enzyme SDH (succinate déshydrogénase), entraînant un blocage de la fonction respiratoire des champignons et moisissures, et donc leur mort. Une bénédiction pour l’agriculture.
Autorisés depuis une vingtaine d’années en Europe, et fort peu connus, ces pesticides dits « SDHI » (inhibiteurs de SDH, en anglais) ont séduit à une large échelle et sont aujourd’hui épandus sur de nombreuses cultures céréalières (dont le blé, à 80 %), maraîchères, fruitières… Le marché mondial est passé de 100