Syndicats : Retrouver le goût de la victoire
La réforme des retraites est propice à une mobilisation sociale forte et massive, à condition que les forces politiques de gauche trouvent la stratégie adéquate pour répondre à une addition des mécontentements.
dans l’hebdo N° 1569 Acheter ce numéro

La retraite n’est pas un sujet comme les autres. La mobilisation des agents de la RATP, inédite en douze ans, le 13 septembre, l’a démontré en préliminaire d’un bras de fer qui s’annonce homérique. Elle a apporté la preuve, également, que la température sociale est au moins équivalente à celle qui avait donné naissance à des grands mouvements sociaux nationaux contre les précédentes réformes des retraites, en 1995, en 2003 et en 2010.
Le gouvernement s’avance néanmoins vers cette épreuve de vérité avec quelques signaux positifs. Le noyau militant français est rincé par deux années de macronisme et une litanie de défaites, y compris lorsqu’il parvenait à mobiliser, par exemple contre la loi travail Pénicaud en 2017. « Nous venons d’avoir une réforme absolument sans précédent de l’assurance chômage, souligne également Mathieu Grégoire, sociologue_. Tous les syndicats ont eu des mots très forts pour la dénoncer, mais tout le monde a détourné le regard. »_ A contrario, les dernières victoires significatives ont été obtenues hors champ par les gilets jaunes, qui soulignent en creux une certaine impuissance du mouvement social traditionnel.
Les syndicats accueillent donc la réforme des retraites comme une occasion de se requinquer, tant le sujet est fédérateur et leur partition syndicale semble facile. Sur le fond, l’unanimité est en effet quasi