Radieux album

Le très bigarré groupe haïtien Lakou Mizik sort un album intimement lié à La Nouvelle-Orléans.

Jérôme Provençal  • 30 octobre 2019 abonné·es
Radieux album
© Daniel Schechner

Après le séisme qui a ravagé Haïti en 2010, Steeve Valcourt (chanteur et guitariste) et son ami Jonas Attis (auteur-compositeur-interprète) sont allés jouer de la musique auprès des milliers de personnes sans toit afin de leur mettre un peu de baume au cœur. Sans répertoire propre, ces deux modernes troubadours improvisent en mélangeant les musiques haïtiennes avec des éléments de reggae ou de hip-hop. Quelque temps après, ils rencontrent Zach Niles, un producteur américain à la recherche de musiciens susceptibles d’actualiser le patrimoine musical haïtien. Avec son soutien, ils forment alors Lakou Mizik, un groupe intergénérationnel composé de huit membres – sept hommes et une femme, la chanteuse Nadine Remy – aux confessions religieuses et cultures musicales diverses. Le doyen est le sexagénaire Louis Lesly Marcelin, alias Sanba Zao, percussionniste expert en rythmes traditionnels et pionnier de la « mizik rasin » (musique racine, en français), mouvance musicale au confluent du vaudou et du rock’n’roll, apparue dans les années 1970.

Après Wa Di Yo (2016), Lakou Mizik publie cet automne son deuxième album, HaitiaNola, qui célèbre la profonde connexion culturelle entre Haïti et La Nouvelle-Orléans. Foncièrement positive et terriblement entraînante, sous l’impulsion en particulier de sa belle dynamique (poly)rythmique, la musique du groupe brille ici de tout son radieux éclat. Enregistrées avec la participation de protagonistes majeurs de la scène de La Nouvelle-Orléans, notamment Cyril Neville et Leyla McCalla (l’une des grandes voix actuelles), les quatorze chansons de ce nouvel opus – dont une pétulante reprise d’Iko Kreyol, fameux standard de Mardi gras – exsudent une ferveur joyeuse et très contagieuse.

HaitiaNola, Lakou Mizik (Cumbancha/PIAS).

Musique
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