Le retour fulgurant du jardinage en France

Une enquête de l’IFOP et nos observations montrent à quel point les Français retrouvent la fonction du jardinage écologique.

Claude-Marie Vadrot  • 26 novembre 2019
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Le retour fulgurant du jardinage en France
© Yann Avril / Biosphoto / AFP

La plupart des associations et des communes qui mettent à la disposition des Français un jardin potager de 200 à 300 mètres carrés contre une « cotisation » de quelques dizaines d’euros refusent du monde. Et depuis quelques années, les listes d’attente pour en bénéficier s’allongent. Au point qu’il faut souvent attendre plusieurs années pour obtenir satisfaction. La plupart des responsables de jardins dits « familiaux » et autrefois « ouvriers », s’accordent pour expliquer que les demandeurs retraités ne sont plus majoritaires et que les plus jeunes sont désormais nombreux. Même phénomène en ce qui concerne les jardins partagés, plus petits, qui naissent en ville. Comme à Paris, où ils sont désormais plus d’une centaine créés entre les espaces ou les friches subsistant entre les immeubles. Un mouvement venu de New-York au début de ce siècle

Cette progression et cet engouement pour le jardinage se lit également dans un sondage de l’IFOP (1) qui vient d’être publié et qui établit que 63 % des Français disposent d’un jardin, dont 5% dans un jardin partagé (10% pour l’Ile de France). 73 % de ces « jardiniers » affirment que pour eux il s’agit d’un _« acte militant ». Notamment ceux (6 sur 10) auquel le jardinage permet de constater la progression et les effets du réchauffement climatique. Surtout, expliquent-ils, en constatant l’avance de la période du murissement de nombreux fruits et légumes à chaque saison. Normal puisqu’ils sont 39 % à cultiver leur lopin de terre « pour se nourrir autrement », un pourcentage qui augmente année après année. Surtout quand ils se consacrent aux légumes les plus courants comme les courgettes, les haricots verts, les concombres ou les tomates. Ce qui explique que, pour ceux-là, les achats auprès des grandes surfaces diminuent régulièrement. Au point que la production estimée des petits jardins personnels dépasse désormais largement les 100 000 tonnes par an.

Renoncement aux pesticides

Autre constatation, auprès des jardiniers et dans le sondage de l’IFOP, ils sont 95 % à assurer qu’ils sont prêts, s’ils ne l’ont pas encore fait, à renoncer à utiliser les pesticides et engrais chimiques de synthèse au profit de produits naturels comme les algues ou la corne de bovidés broyée. Ce qui confirme que 42 % de ces jardiniers du dimanche font aussi le choix des fruits et légumes de leurs jardins pour participer à la protection de la biodiversité.

Pour la plupart de ceux qui se lancent dans la culture autour de leurs maisons, de leurs immeubles ou dans les jardins partagés il est important d’éviter les produits de la terre « qui n’ont plus de goût et sont trop chargés en eau ». De plus, dans leurs jardins, ils retrouvent souvent la convivialité et les notions de partage et d’échange qui disparaissent dans leurs quartiers neufs et leurs immeubles.

L’extension fulgurante du nombre des jardins personnels, qui se comptent désormais par millions en France, participe à une véritable « rééducation » au goût et au plaisir de manger. Tendance qui explique que les jardiniers amateurs soient de plus en plus nombreux à s’intéresser au bio.

(1) sondage effectué pour l’Unep, les 27 et 28 mars derniers, selon la méthode des quotas auprès de 900 personnes âgées de 25 ans et plus.

Écologie
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