Louis-Philippe Dalembert, le poète passe-frontière

Attentif à la générosité immédiate et au sort des exilés, l’écrivain haïtien raconte dans son nouveau roman le destin de trois femmes qui traversent la Méditerranée, fuyant la guerre et l’horreur.

Hugo Boursier  • 6 novembre 2019 abonné·es
Louis-Philippe Dalembert, le poète passe-frontière
© L’ailleurs et l’exil sont au cœur des écrits de Louis-Philippe Dalembert.FRANCESCO GATTONI/leemage/AFP

Après avoir perdu, pour l’une, sa meilleure amie, pour l’autre, son petit frère, Chochana et Semhar se sont fait une promesse : entre elles désormais, c’est à la vie à la mort. Les deux jeunes femmes auraient pu se rencontrer dans mille autres lieux plus heureux que celui-ci, mais la sécheresse au Nigeria et la dictature en Érythrée en ont décidé autrement. Elles ont dû quitter leur famille, prendre tous les risques, éviter les contrôles, voyager à l’arrière de pick-up débordant d’épuisés, certains devenus fous, retenir leur souffle dans des containers brûlants. Toujours à la merci d’accompagnateurs sans scrupule.

Leurs routes finissent par se croiser dans cet entrepôt à Sabratha, en Libye, lieu d’horreur où des passeurs rôdent et violent en piochant parmi les corps usés, défigurés par la violence et les nuits blanches. Elles y restent une éternité. Jusqu’au jour où le groupe est emmené vers un chalutier, devant lequel des centaines de personnes attendent. Une Syrienne passe devant Semhar et la bouscule avec dédain, c’est Dima. Elle a dû quitter son immeuble cossu d’Alep, frappé par les bombes. Pour la bourgeoise, habituée à ne concevoir les personnes à la peau noire que comme des laquais, l’Europe n’était pas sa destination première. Surtout si elle avait su que le voyage se faisait avec autant de Subsahariens. Mais la guerre les a poussés, elle, son compagnon, Hassan, et leurs deux filles, à rejoindre l’Italie. Une fois embarquées, Chochana, Semhar et Dima

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Littérature
Temps de lecture : 8 minutes