« Il faut un MeToo des quartiers populaires ! »
En Seine-Saint-Denis, le collectif Femmes en lutte 93* fait émerger des voix depuis des lieux où la violence est à la fois sexiste, sociale, économique, policière… Son premier forum s’est tenu début décembre.
dans l’hebdo N° 1582-1584 Acheter ce numéro

© Jerome Gilles/NurPhoto/AFP
Quand vous parlerez dans le micro, tenez-vous bien droite, regardez devant vous et votre voix portera loin dans la salle ! », conseille gentiment la technicienne image du jour pendant les derniers tests de son. « On a une coach vocale ! La classe ! », s’amuse l’une des militantes de Femmes en lutte 93 (FEL 93) déjà montée sur la scène de la Bourse du travail de Saint-Denis.
Début décembre, le collectif féministe a organisé son premier forum « pour un féminisme populaire ». Des mois de préparation pour réunir une trentaine de femmes et leur donner la parole. Car le joyau caché, c’est bien elle : cette parole qui ne demande qu’à être libérée, plurielle, lue ou improvisée, qui éclôt de façon plus ou moins hésitante, mais toujours forte, venant du cœur, des tripes.
Certaines parlent pour la première fois en public, parfois de choses intimes. « Jour et nuit, je réfléchis aux façons d’améliorer la vie de ma fille, mais, pour l’instant, je n’ai pas le choix », confie Madina à l’auditoire silencieux. Elle a 26 ans, est arrivée du Sénégal il y a trois ans et élève seule sa fille de neuf mois tout en poursuivant ses études. « Je vis dans un hôtel social dans le XVIIe arrondissement de Paris, je dois déposer ma fille à la crèche dans le XXe, puis aller au travail ou à l’école à Bobigny ou à Rueil-Malmaison. Ma fille est fatiguée, alors elle préfère dormir plutôt que jouer… » La question des mères célibataires – et étudiantes – n’est qu’un des angles morts récurrents du débat public que ces féministes de terrain veulent mettre dans la lumière.
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