« Lutter pour toutes les femmes »

Comment se mobilise-t-on quand on se trouve face à plusieurs types de domination ? Entretien avec Rokhaya Diallo et Grace Ly, créatrices du podcast Kiffe ta race.

Lena Bjurström (collectif Focus)  • 18 décembre 2019 abonné·es
« Lutter pour toutes les femmes »
© Brigitte Sombié / DR

Afroféministes, asioféministes, féministes musulmanes, féministes précaires, féministes lesbiennes… Ces dernières années, de plus en plus de voix pointent la multiplicité des situations des femmes et de leurs revendications. La domination est plurielle, les discriminations multiples. Pour Rokhaya Diallo et Grace Ly, auteures (1), réalisatrices et coanimatrices du podcast Kiffe ta race, qui décortique chaque semaine les multiples facettes du racisme, les oppressions se croisent, se mêlent et les combats de certaines femmes ont été trop longtemps invisibilisés.

Quelles féministes êtes-vous ?

Grace Ly : Je suis féministe, tout simplement, parce que je trouve que cette notion est assez riche pour être inclusive. Mais je me reconnais également dans le terme « asioféministe ». Car quelles que soient les personnes auxquelles je parle, on me renvoie toujours l’idée que je suis une femme asiatique. Or cette façon dont je suis perçue a un impact sur ma place dans la société, sur la façon dont les autres interagissent avec moi. Si je ne me définis pas spontanément comme asioféministe, c’est quelque chose qui me semble important. Il faut que nous, femmes asiatiques, traitions des questions qui nous touchent spécifiquement parce que, si nous ne le faisons pas, personne d’autre ne s’y intéressera.

Rokhaya Diallo : J’ai l’impression que c’est toujours aux féministes minoritaires que l’on demande de se définir. Je milite comme féministe depuis environ vingt ans et, quand je me suis engagée, c’était pour le féminisme en général. Je me définis donc comme féministe, tout simplement. Mais, s’il faut préciser, mon féminisme est aussi antiraciste, décolonial et intersectionnel.

Qu’est-ce que l’intersectionnalité pour vous ?

R. D. : C’est tout simplement considérer que certaines femmes sont à la croisée des oppressions. Elles peuvent être à la fois victimes de racisme, de sexisme, d’homophobie… On ne peut pas ne pas prendre en compte le fait que d’autres dominations

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Société
Publié dans le dossier
Féminismes : Les nouvelles voix
Temps de lecture : 9 minutes