« Tu mourras à 20 ans », d’Amjad Abu Alala : Vivre sa vie, trouver sa voie

Avec Tu mourras à 20 ans, Amjad Abu Alala signe un récit d’apprentissage à l’ombre de la mort.

Jérôme Provençal  • 12 février 2020 abonné·es
« Tu mourras à 20 ans », d’Amjad Abu Alala : Vivre sa vie, trouver sa voie
© Pyramide Films

Auteur précédemment de plusieurs documentaires et courts métrages, le jeune cinéaste soudanais Amjad Abu Alala signe avec Tu mourras à 20 ans son premier long métrage de fiction. Se déroulant de nos jours dans un petit village d’une région désertique du Soudan, loin de la capitale, Khartoum, le film a pour personnage principal Muzamil, un garçon qui doit mourir à 20 ans selon la prédiction faite à sa naissance par le chef religieux du village. Peu après, son père s’en va au loin. Fervente croyante, persuadée que la prédiction funeste va se réaliser, sa mère se retrouve seule pour élever l’enfant maudit et le couvre d’amour autant que de religion.

Devenu adolescent, Muzamil découvre petit à petit qu’il n’est pas qu’un pur esprit tout entier dévoué au Coran. Il fait la connaissance de Suleiman, un homme qui vit en marge du village. Aimant l’alcool, le cinéma et les femmes, ce père de substitution pas très catholique (ni musulman) indique à Muzamil une autre voie que celle, trop bien tracée (et cadenassée), d’une vie confite en dévotion. Bientôt, le jeune homme va atteindre l’âge fatidique…

Tu mourras à 20 ans prend ainsi la forme d’un récit d’apprentissage à l’ombre de la mort. L’apprentissage de la vie induit ici – comme ailleurs – la nécessaire conquête de la liberté d’agir et de penser. D’une sobre élégance, le film cède parfois à la tentation de plans à la photo trop léchée, qui l’aseptisent un peu. Par ailleurs, sans tomber dans la lourdeur du film à message, il se montre un peu trop lisible dans ses (bonnes) intentions, notamment quant au poids des croyances et des traditions. Les scènes les moins signifiantes se révèlent les plus justes, celle où l’on voit les femmes du village chanter et danser ensemble en offre un très bon exemple.

Tu mourras à 20 ans, Amjad Abu Alala, 1 h 45.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes