Ézéchiel Pailhès : Rythmes riches

Ézéchiel Pailhès publie Oh !, superbe album délivrant une musique aux formes libres et à forte teneur poétique.

Jérôme Provençal  • 3 juin 2020 abonné·es
Ézéchiel Pailhès : Rythmes riches
© Photo : Paul Rousteau

Ayant entamé son parcours musical au tout début des années 2000, après avoir suivi une formation entre classique et jazz, Ézéchiel Pailhès s’est d’abord fait connaître au sein de Nôze, pétulant duo électro formé avec Nicolas Sfintescu et réputé en particulier pour ses torrides prestations live. Il développe en parallèle une production solo, impulsée en beauté avec l’album Divine (2013) et devenue son activité principale depuis que l’aventure Nôze s’est arrêtée, en janvier 2018. Si le duo cultivait un champ résolument festif, Ézéchiel Pailhès explore en solitaire une sphère plus intimiste.

Volontairement confiné dans son home studio pour de longues sessions, l’artiste élabore des comptines sophistiquées et rêveuses, avec ou sans paroles, qui gravitent librement entre électro, jazz, chanson, musique de film et musique concrète. Simplement et joliment intitulé Oh !, son troisième album semble révéler pleinement les talents d’auteur-compositeur-interprète d’Ézéchiel Pailhès. Riche de onze morceaux, sept chansons et quatre instrumentaux, ce nouvel opus – dont piano et synthés constituent le principal socle musical – accorde une place plus importante à la voix, dans le prolongement -naturel de l’album précédent, Tout va bien (2017).

« Auparavant, j’assumais moins ma voix, car j’ai moins de maîtrise technique avec elle qu’avec le piano, explique le musicien. Je voulais l’utiliser davantage sur cet album en chantant de façon simple, sans effets, et en laissant affleurer une certaine vulnérabilité. » Tout en douceur, s’approchant du murmure ou du chantonnement, les parties vocales expriment de subtiles nuances et, en adéquation parfaite avec les parties instrumentales d’une extrême minutie, impriment une marque délicatement pénétrante sur l’album.

Cette marque s’avère d’autant plus singulière que toutes les paroles des chansons d’Oh ! (exception faite de l’inaugurale « J’aimerais tant », écrite par Ézéchiel Pailhès) proviennent de poèmes de Victor Hugo, William Shakespeare, Pablo Neruda et Marceline Desbordes-Valmore, celle-ci étant la plus représentée avec trois poèmes.

« J’aime beaucoup le romantisme qui émane de sa poésie et la façon dont, au-delà du sens souvent assez flou, elle nous emporte par la vague des mots », confie Ézéchiel Pailhès. De même, Oh ! nous emporte par la vague des mots et des notes : un intense ravissement.

Oh !, Ézéchiel Pailhès, Circus Company. Disponible notamment via Bandcamp.

Musique
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