Ni la France ni la Terre ne manquent d’eau

Le problème ce n’est pas le manque d’eau, le problème c’est où et quand tombent les pluies…

Claude-Marie Vadrot  • 15 juin 2020
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Ni la France ni la Terre ne manquent d’eau
© Photo : Jerome Gilles / NurPhoto / NurPhoto via AFP

En dépit des apparences et malgré les récents orages, la France souffre encore de sécheresse chronique et régionale comme de nombreux pays de la planète pourtant ravagés par des tempêtes et des inondations catastrophiques.

Selon les prévisions et les modélisations du GIEC, ce sont les rythmes des pluies, les espaces sur lesquels la pluie tombe et la répartition des petits ou grands événements climatiques qui sont en train de changer. Ce qui chamboule les travaux agricoles, l’état des sols, l’alimentation des nappes phréatiques et l’organisation des villes surpeuplées.

Les épisodes de pluies violentes et prolongées ou géographiquement lentement délocalisées, illustrent simplement le dérèglement climatique qui change les régions sur lesquelles elles tombent. Une réalité qui explique que, paradoxalement, les situations de pluies diluviennes et les périodes de longues sécheresses comme celles qu’a connues et connaîtra encore la France cet été, puissent coexister.

Au pays du Sahel par exemple, il existe aussi des régions de plus en plus vastes où il ne pleut plus depuis des années. Dérèglement ultime qui explique l’avancée des déserts vers le Nord et le Sud, contraignant les éleveurs itinérants à disparaître ou à se heurter aux agriculteurs quand ces pasteurs et leurs troupeaux désertent les pâturages brûlés comme au Darfour, au Niger, au Burkina Faso ou au Sénégal.

Les pluies se délocalisent

Pour résumer la situation de nombreux pays, les spécialistes expliquent qu’il ne pleut plus ou beaucoup moins dans des régions qui en bénéficiaient régulièrement. Et quand les pluies sont violentes et concentrées, elles ruissellent sur des surfaces desséchées et dures, pénètrent peu ou mal dans les sols. Et les eaux se retrouvent presque intégralement dans les rivières et les fleuves qui se jettent en mer, privant les zones agricoles d’irrigation et les grandes villes d’eau potable comme cela se produit en ce moment en Inde où la température dépasse les 40° dans de nombreux États. Au point qu’un tiers du pays doit être rationné en eau. Dans une période où, en raison de la pandémie du Coronavirus, il est recommandé aux Indiens de se laver les mains plusieurs fois par jour…

La situation semble être la même en France où les pluies violentes se perdent souvent en mer en alimentent trop peu les nappes souterraines qui baissent d’années en années alors qu’elle représentent 65 % de l’alimentation en eau potable, 4,7 milliards de mètres cubes par an pour l’irrigation agricole (notamment le maïs) et 2,5 milliards pour les besoins de l’industrie. Et « les conflits qui émergent ne permettent pas ou plus de satisfaire les différents usagers », confirme un rapport de l’Assemblée nationale sur « les conflits d’usage ».

Que cela soit en France ou dans de nombreux pays les variations climatiques n’ont donc pas changé les quantités d’eau disponibles dans l’atmosphère. Seuls ont changé les territoires sur lesquels elles tombent. D’ailleurs les statistiques de Météo France le montrent puisque la pluviométrie moyenne de la partie métropolitaine de l’hexagone se maintient depuis des années autour de 800 mm. La solution est donc claire : lutter contre le réchauffement climatique autrement que par de « beaux » discours.

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
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