Éducation, la casse peut continuer

Le locataire de la Rue de Grenelle reste à son poste en dépit de son impopularité croissante.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 7 juillet 2020 abonné·es
Éducation, la casse peut continuer
Jean-Michel Blanquer reste à l'Éducation nationale malgré la défiance des enseignant·es.
© Thomas SAMSON/AFP

Au terme d’une année chaotique, marquée par des mouvements de contestation sur plusieurs fronts et la fermeture des établissements scolaires pour cause d’épidémie mondiale, la politique du gouvernement en matière d’éducation ne changera pas de cap. Le locataire de la Rue de Grenelle reste à son poste en dépit de son impopularité croissante et d’un sentiment de défiance très partagé au sein de l’Éducation nationale. « Qu’il parte ou qu’il reste, il faut arrêter d’enchaîner les réformes de casse du service public », plaidait encore Brendan Chabannes, cosecrétaire général de SUD éducation, à quelques heures de l’annonce du nouveau gouvernement. Des attentes qui risquent de ne pas être satisfaites avec ce maintien. Pour le responsable syndical comme pour une grande partie de la communauté éducative, il est pourtant grand temps d’en finir avec la ligne directrice adoptée par Jean-Michel Blanquer depuis 2017 : celle de la « mise en concurrence » des équipes pédagogiques, des établissements et des élèves – que ce soit sur la question des moyens, des résultats scolaires ou de l’accès à une place à l’université – par l’intermédiaire de réformes successives. Toutes visant à « révolutionner » par la droite l’éducation et les méthodes d’enseignement, mises en place sans véritable concertation avec la profession et les organisations syndicales, et largement dénoncées par les professionnel·les, qui considèrent que les mesures aggravent les inégalités sociales entre les élèves.

Mais la méthode Blanquer ne s’arrête pas là. Il s’agit donc aussi d’en finir avec la mise au pas et le contrôle de plus en plus pressant des enseignant·es. « Avec l’arrivée de Jean-Michel Blanquer, ce sont des instructions extrêmement encadrantes qui nous sont parvenues directement du ministère, explique Brendan Chabannes. _Des directives infantilisantes visant, par exemple, à nous dire comment nous devions apprendre à lire, écrire et compter aux élèves via des guides pédagogiques, nous reléguant au rang de simples exécutant·es, alors même que cela relève historiquement de notre liberté pédagogique.__ »_

Des procédés rejetés, là encore, par une grande partie des profs, mais aussi – fait plus rare – par une partie de la hiérarchie. En mai dernier, une quinzaine de cadres de l’Éducation nationale dénonçaient en effet, dans une tribune publiée sur le site d’information spécialisé du Café pédagogique, « un climat aux ordres »,« le cabinet ministériel manie contrôles, censures, dans un management autoritaire, fondé sur la suspicion, la menace, le verrouillage de toute expression qui ne serait pas “dans la ligne” ». Du jamais vu « à ce niveau dans l’École de la République ». Ce qui ne semble pas avoir remis en question la légitimité de Jean-Michel Blanquer à poursuivre sa « mission ». En accord avec la direction conservatrice du gouvernement, la politique déjà à l’ordre du jour devrait donc se poursuivre dans les prochains mois, avec, en ligne de mire, la rentrée exceptionnelle de septembre 2020 et les assises du numérique, prévues à l’automne.

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