L’ambition d’une école post-confinement
À l’approche d’une rentrée exceptionnelle, les personnels enseignants souffrent du silence du ministre. Ils tentent de s’organiser pour parer à toute urgence et pousser leurs revendications.
dans l’hebdo N° 1610 Acheter ce numéro

O n nous a dit de faire comme d’habitude, comme si rien ne s’était passé… » Zeïna (1) est sceptique. Moins de dix jours avant la fin de l’année scolaire, et en l’absence de directives nationales, « notre inspectrice académique nous a demandé de répartir les élèves dans leurs futures classes sans tenir compte de la situation épidémique, assure la jeune enseignante. En somme, on a fait comme s’il n’y avait pas eu de confinement, ni de protocole sanitaire à appliquer ». Au risque, dans quelques jours, de tout recommencer et de devoir réorganiser la rentrée dans l’urgence. Malgré tout, l’équipe pédagogique souhaite anticiper, se tenir prête. En réfléchissant à différents moyens pour améliorer les usages sur les interfaces numériques, par exemple, ou en veillant à une meilleure répartition des salles de classe en fonction des effectifs donnés aux profs.
Car à Grigny (Essonne), où enseigne Zeïna, les espaces manquent : « Comme nous sommes en réseau d’éducation prioritaire (REP), nos classes de CP et de CE1 doivent, depuis trois ans, être limitées à 12 élèves (2), reprend l’enseignante. Ce qui aurait pu être une bonne mesure n’en a finalement pas été une puisque, faute de place, nous avons dû installer une paroi de séparation pour diviser la salle de classe en deux – ce qui a donné de très petits espaces, où les élèves sont serré·es comme des sardines. Ce n’est vraiment pas enviable en temps normal, mais, aujourd’hui, on en paie les conséquences : nous sommes incapables de faire respecter les distanciations physiques, alors même que les enfants sont en petit nombre. » La suppression