Les profs, « héros » démunis
L’assassinat de Samuel Paty a mis en exergue des paradoxes. Les enseignants, désormais érigés en héros, s’inquiètent.
dans l’hebdo N° 1624 Acheter ce numéro

Des « fainéants » de la crise sanitaire, les enseignants sont désormais devenus les hussards noirs de la République, ces héros chargés de transmettre ses valeurs et de soigner ses maux. L’on propose même de les applaudir chaque soir comme l’ont été les soignants au printemps. Comme eux, les profs sont désormais tenus de partir « au combat républicain » et ce, malgré des salaires sous la moyenne des pays de l’OCDE, un manque de personnels, de moyens et des réformes massivement rejetées… « Je suis anéantie par cet événement qui traduit un échec énorme en plus d’une immense tragédie humaine, souffle une prof d’histoire-géographie d’un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Mais on tire la sonnette d’alarme depuis des années sur nos conditions de travail et, d’un seul coup, on devient des héros parce qu’on meurt ! », s’étouffe-t-elle.
La prochaine réforme, celle qui concerne la formation, prévoit d’envoyer des « étudiant·es de première année de master, sans, a priori, aucune expérience d’enseignement, prendre la responsabilité de classes en cours d’année avec toutes les difficultés inhérentes », s’alarmait en février le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire. « Certains trouvent effectivement un peu saumâtre de nous ériger en héros