Information : « La guerre froide continue à servir de référentiel »
Depuis les années 2000, la « guerre de l’information » s’est imposée comme une réalité des relations internationales, et sa maîtrise une nécessité pour les États démocratiques.
dans l’hebdo N° 1639 Acheter ce numéro

© JUSTIN TALLIS/AFP
Ingérence étrangère, campagne massive sur les réseaux sociaux, piratage de données confidentielles… Les attaques en ligne sont quotidiennes et elles utilisent une arme bien connue : l’information. Céline Marangé et Maud Quessard dirigent un ouvrage important, Les Guerres de l’information à l’ère numérique. Elles alertent sur les défis démocratiques que posent ces nouveaux conflits.
L’information a toujours été un objet conflictuel, entre les individus comme entre les États eux-mêmes. Qu’est-ce qui change aujourd’hui, à l’ère numérique ?
Céline Marangé : Effectivement, la guerre de l’information est un phénomène ancien. Mais la révolution numérique, en transformant les modes de communication, a bouleversé les rapports que les États entretiennent entre eux et avec leur population. La principale rupture est liée au fait que, désormais, il y a comme une immédiateté, une ubiquité de l’information. Ce changement intervient dans les années 2000 avec l’apparition des messageries instantanées, des réseaux sociaux, des médias numériques, et la diffusion des machines connectées. La période contemporaine est aussi marquée par le passage du statut de consommateur à celui de producteur d’information.
Justement, cette intensification des échanges ne transforme-t-elle pas ces conflits informationnels en une guerre permanente ?
Maud Quessard : Oui, sans doute. Les guerres de l’information se sont imposées comme une nécessité, car c’est un problème qui touche constamment à la souveraineté des États. Pour eux, il faut à tout prix être