Turquie : Nouvelle poussée de nationalisme

Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan envisage désormais la dissolution du HDP, un mouvement de gauche défendant les droits des Kurdes.

Politis  • 24 mars 2021
Partager :
Turquie : Nouvelle poussée de nationalisme
© Diego Cupolo/NurPhoto AFP

Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan exacerbe chaque jour un peu plus le nationalisme turc. Le 17 mars, un procureur a transmis à la Cour constitutionnelle une demande officielle de dissolution du Parti démocratique des peuples (HDP), un mouvement de gauche défendant les droits des Kurdes. La requête est assortie d’une demande d’inéligibilité contre 600 membres du parti, arrivé troisième lors de l’élection présidentielle de 2018. Dès le lendemain, les dirigeants du HDP dénoncent un « putsch », appelant « toutes les forces d’opposition » à lutter contre l’interdiction. Pour justifier l’acte d’accusation, le procureur s’appuie sur une rhétorique bien connue : assimiler la défense des Kurdes à une complicité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme organisation terroriste par l’État turc. Quatre jours plus tard, la farce se poursuit avec l’arrestation ubuesque d’un député du HDP ayant partagé un article d’un des cadres du PKK, Murat Karayılan, appelant à la reprise du processus de paix.

Par simple décret présidentiel, le Parti de la justice et du développement (AKP) a également décidé de sortir le pays de la convention dite d’Istanbul sur la lutte contre les violences faites aux femmes. « Il n’est pas nécessaire de chercher le remède en dehors de chez nous », a justifié le vice–président turc. La décision s’inscrit dans un durcissement à l’égard du droit des femmes et une ingérence de l’État dans la vie conjugale. Les fréquentes saillies misogynes du président Erdogan en sont un exemple.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »
Entretien 12 novembre 2025 libéré

Rami Abou Jamous : « On a l’impression que parler de Gaza est devenu un fardeau »

Un mois après le « plan de paix » de Donald Trump, le journaliste palestinien appelle les médias à ne pas abandonner Gaza, où les habitants sont entrés dans une phase de « non-vie ».
Par Kamélia Ouaïssa
En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister
« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins