Une marche lesbienne historique

À l’appel du collectif Collages lesbiens, la première marche lesbienne depuis 1979 a eu lieu à Paris ce dimanche. Les manifestant·es réclamaient, entre autres, une PMA gratuite et ouverte à tous·tes, toujours en attente d’adoption par le Parlement.

Koupaïa Rault  • 27 avril 2021
Partager :
Une marche lesbienne historique
© Photos : Koupaïa Rault

Tout est né d’un tweet, un simple « j’ai envie d’une marche lesbienne ». Un mois plus tard, à l’initiative du collectif Collages lesbiens, 8000 personnes étaient réunies sur la place du Châtelet à Paris.

Les collectifs lesbiens et alliés sont principalement rassemblés aujourd’hui pour lutter contre l’invisibilisation, la fétichisation et la hausse des violences commises envers les personnes LGBTQ+. Le deuxième mot d’ordre est la PMA (procréation médicalement assistée) gratuite et ouverte à tous·tes, particulièrement aux femmes seules, couples lesbiens et personnes trans. Au micro, l’association de femmes maghrébines et lesbiennes SHAMS dénonce « des décisions politiques qui touchent toutes celles qui n’auront pas les moyens de financer une PMA à l’étranger ou qui éprouvent déjà tant de difficultés sociales __».

À 14h30, la «lesbomobile» – le camion sono qui guidera la manifestation toute l’après-midi – démarre, suivie par un cortège en non-mixité de lesbiennes racisées. Quelques mètres plus loin, les drapeaux colorés de la commission LGBTQ+ du NPA flottent dans les airs, encadrés de pancartes dénonçant « le système capitaliste hétéropatriarcal » et demandant ironiquement le droit « d’être des mères indignes ».

Racisme médical

Invisibilisées dans l’espace public, les revendications propres aux personnes racisées ont été maintes fois rappelées durant la marche. Aujourd’hui, pour garantir une ressemblance entre l’enfant et ses parents, les médecins se chargent de l’appariement (redistribution des dons d’ovocytes) sur la base de critères simples : taille, couleur des yeux, texture des cheveux et… couleur de peau. Malheureusement, le manque de dons venant de personnes racisées ainsi que la répartition des « races » dans des catégories restreintes et arbitraires compliquent encore davantage la procédure.

Cette manifestation était annoncée comme la « première marche lesbienne en France ». En effet, les Dyke Marches existent depuis bien longtemps aux États-Unis mais peinent à s’implanter en Europe. Pourtant, en 1979, un petit comité lesbien dites « lesbiennes de Jussieu », dissidentes du féminisme libéral et hégémonique de l’époque, appelaient déjà à se rassembler.

Cet effacement d’une partie de l’histoire des luttes lesbiennes n’est qu’une énième conséquence du manque d’espaces pour contextualiser et préserver les archives LGBTQ+, revendiqué et réfléchi depuis des années par des collectifs de chercheur‧euses et activistes.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers
Racisme 17 octobre 2025 abonné·es

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers

Vendredi 10 octobre, un homme en voiture a percuté des manifestants lors d’une mobilisation organisée par un collectif de sans-papiers à Paris. Deux hommes ont été blessés et ont porté plainte. Malgré leurs témoignages, la police a retenu l’infraction de « blessures involontaires ».
Par Pauline Migevant
À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas