Vaccins : la course de fond
Entre l’organisation laborieuse de la campagne et la montée en puissance des variants, la stratégie vaccinale française permettra-t-elle une sortie de crise avant l’été ?
dans l’hebdo N° 1649 Acheter ce numéro

© LOIC VENANCE / AFP
A u départ, les personnes qui parvenaient à se faire vacciner étaient essentiellement celles avec un niveau socioculturel élevé, qui ont un ordinateur, qui savent se débrouiller sur Internet et qui peuvent se déplacer facilement. » Laure est médecin généraliste en Bretagne. Pour elle, c’est certain, la campagne vaccinale française contre le Covid-19 a démarré sur de mauvaises bases. Elle regrette par exemple le choix fait par le gouvernement d’une plate-forme sur Internet, Doctolib, pour la prise de rendez-vous.« Le premier groupe à avoir eu accès au vaccin, après les résidents des Ehpad, c’étaient les plus de 75 ans. Pour eux, utiliser Doctolib, ce n’est pas forcément évident. Et nous n’avons pas compris que la prise de rendez-vous ne se fasse pas selon le territoire où vivent les gens. Le résultat, c’est que les personnes qui pouvaient faire deux heures de route pour se faire vacciner ont reçu leur injection les premières, les autres ont dû attendre. Et quand j’essayais d’obtenir un créneau en centre de vaccination pour certains de mes patients octogénaires, il n’y avait plus de rendez-vous disponibles… » Au 12 avril, 10,7 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccin contre le Covid-19 en France, soit 16 % de la population. Mais seulement 5,5 % ont reçu les deux doses.
Les chiffres sont similaires en -Allemagne, en Italie, en Espagne, en Belgique, au -Portugal… D’autres pays, hors de l’Union européenne, sont bien plus avancés dans leur campagne vaccinale contre le Covid-19. En Israël, plus de la moitié de la population a déjà reçu ses deux doses. Aux États-Unis, un tiers de la population a reçu une première dose et un cinquième les deux. La vaccination avance aussi bien plus vite au Chili qu’en France. Au Royaume-Uni, la moitié de