Aides publiques : le laisser-faire comme nouvelle norme
Les dispositifs exceptionnels d’aide aux entreprises en période de covid viennent parfaire une tendance lourde à l’ouverture des vannes sans contreparties. Récit d’un extraordinaire gâchis.
dans l’hebdo N° 1655 Acheter ce numéro

Aux premiers jours de la pandémie, le gouvernement a opté pour la politique des « vannes ouvertes », pour rassurer et pallier l’urgence des fermetures d’entreprises. L’administration fiscale, qui distribue le fonds de solidarité, se met alors rapidement en branle… Et en surchauffe. « Des services qui étaient déjà sous la ligne de flottaison se sont retrouvés à devoir gérer ces nouvelles missions sans moyens supplémentaires, rapporte Anne Guyot Welke, du syndicat Solidaires Finances publiques. La situation était déjà catastrophique avant la crise. » La direction des Finances (DGFiP) a en effet perdu 30 000 agents en treize ans, tandis que la direction générale du Trésor a vu ses effectifs fondre de moitié en onze ans (1). Côté ministère du Travail, « le robinet a été ouvert. Avec un délai d’octroi de deux jours pour une demande de chômage partiel, les services n’avaient même pas le temps de vérifier si l’entreprise qui faisait la demande existait vraiment », rapporte Julien Boeldieu, inspecteur du travail et syndicaliste CGT.
Les failles béantes dans les dispositifs apparaissent progressivement au grand jour alors que les aides se multiplient et que leur montant s’envole. La cellule anti-fraude créée par le ministère de l’Économie dès le mois d’avril 2020 se concentre sur les escroqueries orchestrées par des faux fournisseurs de masques et de matériel médical, ou des hackers qui parviennent à détourner l’argent des commandes publiques. Malgré les alertes de Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère de