La journée sans fin des mères seules
Quelques heures dans la vie de Virginie, partagée entre son télétravail, ses trois enfants et une organisation au cordeau, et d’autres femmes tout aussi malmenées face à la crise.
dans l’hebdo N° 1652 Acheter ce numéro

© Nadia Sweeny
La crise sanitaire a révélé bien des fractures sociales. Les familles monoparentales – dont l’immense majorité sont gérées par les mamans – subissent les restrictions sanitaires de plein fouet. Entre télétravail, enfants et cours à distance, reportage au cœur d’un quotidien éreintant.
Mercredi 28 avril, 10 heuresDans un appartement cosy au sein d’une résidence HLM de Stains, en Seine-Saint-Denis, la table de la petite salle à manger est occupée par Virginie, mère de famille de 48 ans, et Diaze, sa fille de 16 ans. Chacune concentrée face à son ordinateur. Ici, la fibre n’a pas été installée à cause d’un problème lié à la structure de l’immeuble. Résultat : la connexion Internet ne fonctionne pas dans les chambres, à l’étage, tout le monde doit donc partager le salon.
Diaze, en seconde Agora (assistance à la gestion des organisations et de leurs activités), s’est connectée dès 8 h 30 pendant que sa maman filait déposer le petit dernier, 7 ans, au centre de loisirs, rouvert depuis deux jours. La journée a démarré en fanfare : Timouni, le cadet de 12 ans, a saigné du nez au réveil. Virginie s’est naturellement occupée du malaise en même temps qu’elle s’affairait auprès du plus petit. Elle n’a pas eu le temps de vraiment se préparer, a enfilé un legging et un tee-shirt, serré ses cheveux dans une pince. En rentrant, cette gestionnaire de marché s’est vite installée devant l’intranet de son entreprise pour entamer sa journée professionnelle. Elle a choisi le télétravail plutôt que le chômage partiel pour une raison limpide : elle ne peut pas se permettre de perdre environ 20 % de son salaire. Seule avec