En Allemagne, les locataires veulent expulser les proprios
Face aux grosses firmes immobilières qui imposent leurs conditions exorbitantes dans les grandes villes, les citoyens se mobilisent pour le droit au logement.
dans l’hebdo N° 1662 Acheter ce numéro

© Rachel Knaebel
Ils sont une centaine devant le bureau des élections de Berlin, ce 25 juin. Gilet sur le dos, drapeaux à la main, le tout aux couleurs jaune et violet de l’initiative citoyenne qui milite depuis trois ans pour l’expropriation et la socialisation des logements des grandes firmes immobilières actives dans la capitale allemande. L’ambiance est à la fête. Les activistes viennent déposer les plus de 349 000 signatures de Berlinoises et de Berlinois demandant un référendum local sur le sujet. Les autorités ont vite certifié que c’était suffisant pour organiser le vote, qui aura lieu le 26 septembre, le même jour que les élections législatives allemandes.
Corinna Stupka, la soixantaine, enseignante en lycée, fait partie des centaines d’activistes qui ont parcouru le pavé, les parcs et les terrasses ces derniers mois pour faire signer les Berlinois. Elle s’est engagée, aux côtés de sa fille, « parce que le logement est un droit fondamental ». « Moi aussi, j’ai été locataire, même si aujourd’hui je suis propriétaire de mon appartement. J’ai vu à quel point la situation a changé à Berlin depuis la crise financière, et en particulier depuis cinq ans, explique-t-elle. Des investisseurs qui ne savaient pas quoi faire de leur argent l’ont placé dans l’immobilier, où les rendements sont élevés. Et se loger est devenu très difficile pour les habitants. »
Depuis la fin