Pass sanitaire : Quand on brutalise le débat public…
La généralisation du pass sanitaire a soulevé un vent de contestation aussi puissant qu’hétéroclite, traduisant un profond malaise et un affaiblissement de la parole publique.
dans l’hebdo N° 1663-1667 Acheter ce numéro

© Estelle Ruiz/Hans Lucas/AFP
Fin de manif sur la place de la République, à Lille. Les longs draps blancs barrés des slogans « En guerre contre la guerre sanitaire » ou « Touche pas à nos soignant·es » sont remballés,puis c’est au tour de l’ampli massif installé sur une courte estrade en béton. À quelques mètres, sur la terrasse du Taberna Latina, les dernier·es manifestant·es observent la scène, satisfait·es. D’une table à l’autre, les profils changent radicalement. Ici, un groupe de gilets jaunes se raconte des souvenirs de manif. Là, c’est une famille qui s’installe après avoir rangé les pancartes. « C’était ma première manifestation, et je crois que c’était réussi », jubile Pierre en descendant son café. Son costard bleu nuit, ses richelieu luisantes et son pin’s bleu-blanc-rouge attirent l’œil. Se définissant comme un « penseur » libéral, admirateur d’Alain Madelin et candidat à l’investiture des Républicains, il fait partie des sept organisateurs de la manifestation. Tous viennent d’horizons très divers. « La manifestation est transpartisane et nous avions des opinions très différentes, concède le manifestant. À un moment, j’ai eu peur que ça parte dans tous les sens… J’ai entendu des appels à la révolution permanente, ou des slogans antipoliciers que je ne cautionne pas. Mais ça reste une belle mobilisation, et il y en aura d’autres. »
Sous un soleil brûlant, les prises de parole s’enchaînent toute la journée. Certains appuient sur l’aspect « non démocratique » ou franchement « monarchique » de la prise de décision du Président. D’autres dénoncent « l’autoritarisme » et la politique « sécuritaire », alors que l’expression « dictature sanitaire » semble faire consensus. Mais la récupération politique n’est pas loin. Toute proche même, lorsque François Asselineau se fraye un chemin jusqu’à l’estrade. Trop heureux d’avoir un public, il entame une harangue aux faux airs gaulliens. Quatre longues minutes. L’assistance ne bronche pas, applaudit mollement, parfois. Puis d’autres plaidoyers suivent – moins pompeux – avant que ne démarrent le
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