Gilles Dorronsoro : « Il faut négocier avec les talibans »
Après le fiasco du départ, les Occidentaux doivent dépasser l’humiliation pour obtenir des avancées de la part du nouvel État tant qu’il est fragile, analyse Gilles Dorronsoro.
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© Aamir QURESHI/AFP
Le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan a déclenché un concert international de réactions alarmées : de nombreuses personnes qui le souhaitaient ont été empêchées de quitter le pays, leur sécurité est menacée, et l’on peut redouter une régression importante des libertés pour les femmes. L’universitaire Gilles Dorronsoro, incontestable observateur du pays depuis plus de trente ans, invite cependant les Occidentaux, et notamment les États-Unis, à prendre le recul de l’analyse, dans leur intérêt et celui de la population : leur politique afghane dénuée de bon sens, depuis vingt ans, a largement contribué au retour des talibans, écrit-il dans un ouvrage au titre prémonitoire paru au début de l’année (1).
La prise expresse de Kaboul par les talibans bouscule les rapports de force dans la région. Faut-il craindre une déstabilisation ?
Gilles Dorronsoro : Bien sûr, la situation a considérablement évolué, mais il faut d’abord souligner la dimension stabilisatrice des derniers événements ! L’arrivée des talibans au pouvoir signe la fin de quarante années de guerre civile, la disparition de leurs bases au Pakistan, une diminution du volume d’armes en circulation dans la région, un contrôle sur les frontières, la perspective de mise en place d’un régime raisonnablement fonctionnel, etc.
À l’échelle régionale, cette prise de pouvoir, ainsi que le départ précipité des Occidentaux, signe clairement une victoire de l’axe Chine-Pakistan sur l’Inde, rangée aux côtés des États-Unis et du régime afghan défait. Et cette nouvelle donne constitue d’abord un gain majeur pour
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