« I am Greta », de Nathan Grossman : Dans l’œil du cyclone

Dans I am Greta, Nathan Grossman retrace le parcours de la militante suédoise, de sa grève scolaire à sa traversée de l’Atlantique en bateau.

Pauline Gensel  • 28 septembre 2021 abonné·es
« I am Greta », de Nathan Grossman : Dans l’œil du cyclone
© B-Reel Films

C’est l’histoire d’une lutte. Elle commence devant le Parlement suédois, avec une lycéenne de 15 ans qui décide, seule, d’entamer une grève scolaire. En cet été 2018, les élections suédoises approchent, Greta Thunberg veut attirer l’attention sur le dérèglement climatique, quasi absent du débat public.

I am Greta, Nathan Grossman, 1 h 37.
À l’époque, personne ne la connaît. Nathan Grossman, qui avait déjà réalisé plusieurs documentaires autour de la thématique environnementale, entend parler d’elle grâce à un ami. Il envisage de réaliser un court métrage ou une série qui suivrait plusieurs enfants militants. Très vite, il est hypnotisé par la jeune fille et sa rhétorique implacable, comme le sont les passants qui s’arrêtent pour discuter avec elle.

Pendant deux ans, le réalisateur suit l’adolescente qui va devenir une icône de la lutte pour le climat. Le monde entier a vu défiler des images de forêts incendiées, d’inondations et d’autres catastrophes naturelles comme celles présentes dans le documentaire I am Greta (« Je suis Greta ») Pourtant, c’est le regard d’une enfant atteinte du syndrome d’Asperger qui a permis à toute une génération d’ouvrir les yeux.

Être Greta, c’est être à l’origine d’un mouvement d’une portée internationale. Mais, derrière ces foules qui se sont soulevées autour d’elle, être Greta, c’est souvent être seule. C’est faire face à une vague immense d’émotions, d’enjeux colossaux, de discours politiques creux. De critiques aussi, la médiatisation apportant son lot de détracteurs. En voix off et dans ses discours, Greta raconte.

Être Greta, c’est aussi voyager souvent. Pour une militante écologiste, cela implique beaucoup de train. Les paysages défilent au fur et à mesure des trajets. La nature est finalement peu présente dans le film : la lutte écologique se joue dans les palais et les sièges des organisations internationales, non dans les forêts.

Nathan Grossman réussit à dresser le portrait intime d’une enfant qui s’est souvent sentie en dehors, pas à sa place. Ses moments de joie, elle les trouve auprès de son père, qui l’accompagne dans ses déplacements. Avec ses animaux aussi, qui lui manquent lorsqu’elle est loin de chez elle.

Davantage qu’un portrait de la plus emblématique des militantes écologistes, I am Greta donne à voir la prise de conscience d’une génération dont elle entend porter la voix. Une génération dont le destin semble voué à osciller entre angoisses existentielles et luttes collectives, incertitudes et détermination, peur de l’avenir et foi dans le changement.

Cinéma
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