Kaïs Saïed, un État fort au nom du peuple ?
Depuis le 25 juillet, le président tunisien possède les pleins pouvoirs et marginalise les oppositions. Une reprise en main au départ plébiscitée par la population, mais qui pourrait rapidement dégénérer en régime autoritaire.
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© CHEDLY BEN IBRAHIM
M a route est tracée par la volonté du peuple. » « J’avais le devoir d’agir pour sauver l’État. » Kaïs Saïed ne cesse de répéter ces mantras depuis que, le 25 juillet, il a activé l’article 80 de la Constitution (un quasi-copié-collé de l’article 16 de la Constitution française), qui lui permet de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire face à un péril imminent. Dans le même geste, il a pris la direction de l’exécutif, limogé le chef du gouvernement, gelé le Parlement et levé l’immunité des députés. Des mesures saluées alors par des scènes de liesse populaire dans tout le pays, soutenues par 80 % des Tunisiens et reconduites le 24 août jusqu’à nouvel ordre.
Grand perdant de l’opération puisqu’il était majoritaire à l’Assemblée, le parti islamiste Ennahdha proteste sans relâche contre ce qu’il qualifie de « coup d’État ». Il est rejoint sur ce point par une partie de l’extrême gauche et un certain nombre de juristes qui relèvent en particulier que le Parlement devrait être en session permanente et qu’en l’absence de Cour constitutionnelle (qui aurait dû être formée au plus tard en janvier 2016) aucune autorité ne peut déterminer si les conditions justifient la poursuite des mesures d’exception. Or Kaïs Saïed, jusqu’à maintenant, n’a
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