Un point aveugle du congrès mondial sur la nature

Quand les tigres, les fauves et les oiseaux de proie sont moins nombreux en liberté que chez des collectionneurs privés…

Claude-Marie Vadrot  • 3 octobre 2021
Partager :
Un point aveugle du congrès mondial sur la nature
© Photo : Dans l'attraction touristique « Tiger Kingdom » à Chiang Mai, en Thaïlande les tigres sont sous sédatif pour laisser les touristes prendre des photos à côté d'eux toute la journée (STRINGER / Agence Anadolu via AFP).

Le long congrès mondial sur la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui vient de se tenir à Marseille, a passé en revue, les raisons pour lesquelles les espèces végétales et animales sont en train de disparaître de la surface du globe. Sans trop insister sur une réalité pesante : depuis sa création en France en 1948, cet organisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. « Détail » que le président français, comme tous les dirigeants du monde, s’est bien gardé de rappeler dans son discours.

Bien sûr les explications attribuant les disparitions impressionnantes aux changements climatiques, aux sécheresses, aux excès agricoles ou à la disparition et la stérilisation des terres sont une réalité. Mais elles laissent de côté les causes de la chute du nombre des grands oiseaux et mammifères. Ceux qui sont surtout l’objet de la convoitise et de leur mise en cage par les êtres humains. Pourtant l’UICN a fait signer, à partir de 1974, à de nombreux pays une Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacés d’extinction.

Cet accord, qui fait chaque année l’objet de négociations épiques, n’a jamais été respecté. En témoignent deux exemples : de nombreux pays européens et du continent américain laissent prospérer un important trafic de cactées protégées ; et les mêmes emprisonnent des milliers de fauves. Non pas seulement dans des parcs zoologiques, mais chez des propriétaires privés qui n’en ont théoriquement pas le droit.

Des milliers de fauves captifs

L’exemple le plus connu et surtout le mieux documenté est celui des tigres : il existe environ 10.000 de ces fauves captifs (hors zoo) aux États-Unis, a récemment révélé le journal anglais The Guardian, alors que le nombre de tigres en liberté dans le monde ne dépasse pas les 4.000. Et que d’autres pays asiatiques en possèdent et les exhibent sur Facebook et ailleurs. Les mêmes possèdent et promènent également, des panthères, encore plus rares, des guépards ou des pumas. Et les demandes augmentent depuis une dizaine d’année. Pire, chaque projection d’un documentaire entraîne le redoublement des achats pour ces animaux dont le prix, selon les âges, va de 9.000 à 15.000 euros.

Aussi surprenant que cela puisse paraître les oiseaux font également l’objet de ce type de commerce dévastateur, notamment les oiseaux de proie qui trouvent des acheteurs en Asie et au Moyen-Orient. L’Europe et les États Unis ne sont pas épargnés non plus. Il existe même des braconniers qui exercent une activité surprenante et très lucrative : chercher et trouver des œufs d’oiseaux sauvages qui sont vendus très cher à des collectionneurs.

À tous les tarifs, des trafiquants pillent les « reliquats » de la biodiversité. Parce qu’ils n’ont rien d’autre à vendre pour survivre et parce qu’il y a des acheteurs. Pour le plaisir égoïste de ceux qui enferment et collectionnent la nature sans que les douanes de nombreux pays s’en préoccupent.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Budget : Bayrou, boucher de l’État
Parti pris 15 juillet 2025

Budget : Bayrou, boucher de l’État

En annonçant des mesures d’austérité d’une ampleur rare, François Bayrou a fait le choix, non pas de la « responsabilité » et de la « justice », mais du massacre social et écologique du pays. Le tout, en préservant les plus aisés.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Nîmes, l’écologie populaire s’empare du logement
Reportage 9 juillet 2025 abonné·es

À Nîmes, l’écologie populaire s’empare du logement

Dans cette ville du Gard violemment touchée par les canicules, l’habitat « bouilloire » fait les premières victimes de ces vagues de chaleur d’une intensité croissante. Une thématique au cœur du festival les Vers du Ter-Ter.
Par Embarek Foufa
Loi Duplomb : la FNSEA contre la société
Analyse 8 juillet 2025

Loi Duplomb : la FNSEA contre la société

Ce 8 juillet, les parlementaires doivent voter la proposition de loi du sénateur de droite proche de la FNSEA contenant de nombreux reculs écologiques et sanitaires. Ces derniers jours, les oppositions à ce texte ont fleuri de partout, témoignant d’une mobilisation massive et éclectique.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »
Entretien 7 juillet 2025 abonné·es

« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »

Porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet est le père d’un enfant de 8 ans en rémission d’un cancer. Il exhorte les députés à voter contre la très contestée loi Duplomb, votée mardi 8 juillet à l’Assemblée nationale.
Par Pierre Jequier-Zalc