Journées cinématographiques de Saint-Denis : Une belle campagne

Les Journées cinématographiques de Saint-Denis proposent une passionnante programmation autour du politique.

Christophe Kantcheff  • 26 janvier 2022 abonné·es
Journées cinématographiques de Saint-Denis : Une belle campagne
Bayan Kou2009: Kapit Sa Patalim, film franco-philippin de Lino Brocka (1984).
© Malaya Films/Stephan Films/Coll. ChristopheL/AFP

Si vous ne connaissez pas le cinéma l’Écran, à Saint-Denis (et tout aussi bien si vous le fréquentez régulièrement), voilà plus que jamais l’occasion de vous y rendre : du 1er au 12 février, les Journées cinématographiques, qui s’y déroulent principalement, proposent une captivante programmation.

Les Journées cinématographiques, « Partie de campagne », du 1er au 12 février, 22.journees-cinematographiques.fr

En phase avec notre temps électoral, et intitulée « Partie de campagne », cette 22e édition est consacrée à « la mise en scène du politique au cinéma ». À l’affiche : beaucoup d’avant-premières en présence des cinéastes – Municipale (voir ci-contre), Enquête sur un scandale d’État, de Thierry de Peretti, Arthur Rambo, de Laurent Cantet, Un peuple, d’Emmanuel Gras… –, des évidences (Francesco Rosi, Capra, Renoir, Preminger…), mais aussi des pépites du monde entier, comme Sarraounia (1986), du Mauritanien Med Hondo, Le Voleur de lumière (2010), du Kirghiz Aktan Arym Kubat, Things we do not say (2018), de l’Iranien Ali Razi, journal vidéo de la jeune actrice Nawal Sharifi.

« Cette programmation, avant tout cinéphile, où notre goût s’exprime, considère le politique dans toutes ses dimensions, sans établir de barrière entre les genres ou les thématiques, explique Vincent Poli, programmateur du festival. C’est pourquoi on y retrouve des films qui portent leur regard sur des responsables ou des figures politiques, qui traitent des mythologies, notamment américaines, ainsi que des films politisés, voire militants, et des œuvres où la politique et l’intime se mêlent. Le spectre va, disons, du classique de John Ford sur la jeunesse de Lincoln (Vers sa destinée) à un film japonais réalisé par des syndicalistes qui ont été assassinés par l’extrême droite dans les années 1970 (Yama – coup pour coup_, de Sato Mitsuo et Yamaoka Kyoichi). »_

Faire des films politiques, ou faire politiquement des films, comme disait Jean-Luc Godard. La formule correspond parfaitement à Nothing But a Man, de Michael Roemer : « Une œuvre splendide, intimiste, sur la cellule familiale d’un Noir américain pauvre, réalisé en 1964, ce qui ne se faisait pas à l’époque, par un cinéaste blanc juif exilé », expose Vincent Poli. Ces Journées sont aussi l’occasion de (re)découvrir de grands maîtres trop peu souvent montrés : le -Philippin Lino Brocka, l’Allemand Harun Farocki, ou la regrettée Sarah Maldoror, pionnière du cinéma panafricain, décédée en 2020 du covid.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes