81 exécutions en un jour en Arabie saoudite : un message au monde
Par son ampleur, le signal a valeur de démonstration de force internationale.
dans l’hebdo N° 1697 Acheter ce numéro

© Bandar AL-JALOUD / Saudi Royal Palace / AFP
Pendant qu’une bonne partie de la planète a les yeux rivés sur les agissements meurtriers du dictateur Poutine, un autre régime aussi peu recommandable expédie lestement ses sordides affaires courantes. Le 11 mars dernier, la justice saoudienne a exécuté 81 personnes accusées d’appartenir à des groupes terroristes. Bien plus que pour toute l’année 2021 (69 exécutions), et que lors du précédent « record » de l’ère Mohammed ben Salmane (47 exécutions en un jour, en 2016). L’exécution de masse, sinistre spécialité de Riyad, est un outil de communication politique. Désobéir au régime wahhabite ultra-conservateur se traduit par l’application la plus sanguinaire de la charia. Et dans la plus grande opacité judiciaire.
Mais, par son ampleur, le signal a valeur de démonstration de force internationale. Si la plupart des détenus étaient saoudiens, une moitié se reconnaissait de confession chiite. On peut y trouver l’explication de la suspension par l’Iran, qui adhère à 90 % à ce courant de l’islam, des pourparlers conduits avec son grand ennemi saoudien, tout aussi massivement sunnite, pour normaliser des relations rompues depuis 2016. Le programme nucléaire de Téhéran, à visée militaire dissimulée, est une vraie préoccupation pour Riyad.
Cependant, le royaume cible aussi le monde occidental. Le Gulf Center for Human Rights souligne que les exécutions ont eu lieu conjointement à la libération sous la pression internationale de l’influent blogueur Raif Badawi, après dix ans de prison. Une affirmation d’inflexibilité face à un droit-de-l’hommisme honni par le régime saoudien. Le message est aussi adressé aux États-Unis, qui pressent les pays du Golfe d’augmenter leur production de pétrole afin de calmer la hausse des prix consécutive à l’exclusion partielle de la Russie du marché des hydrocarbures. Par la sanglante démonstration du 11 mars, l’Arabie saoudite entend rappeler qu’aucun pays n’est en mesure de lui dicter sa conduite, alors qu’elle détient l’une des clés des cours pétroliers internationaux.
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