Dîner du Crif : L’affront aux Palestiniens

La France reconnaît désormais Jérusalem comme « capitale éternelle du peuple juif ». C’est Jean Castex qui l’a annoncé le 24 février au dîner annuel du Crif.

Politis  • 9 mars 2022
Partager :
Dîner du Crif : L’affront aux Palestiniens
© Ludovic MARIN / POOL / AFP

Emmanuel Macron a sans doute pensé que les temps troublés que nous vivons sont propices à un coup tordu contre les Palestiniens. Voilà en tout cas que la France reconnaît désormais Jérusalem comme « capitale éternelle du peuple juif ». C’est Jean Castex, s’exprimant au nom du Président, qui l’a annoncé le 24 février à l’occasion du dîner annuel du Crif. En d’autres temps, cela aurait donné lieu à un séisme diplomatique. Rappelons que l’ambassade de France, comme celles de la plupart des pays de l’Union européenne, est toujours à Tel-Aviv, et que l’ONU ne reconnaît pas l’annexion de Jérusalem par Israël. 

Ainsi, sans le moindre débat, la France imite Donald Trump et s’aligne progressivement sur Israël. Un pas de plus dans l’abandon de la solution à deux États. Scandalisé, l’homme d’affaires palestinien Mounib Al-Masri, grand artisan du rapprochement culturel entre la Palestine et la France, a immédiatement fait savoir qu’il rendait sa légion d’honneur. 

Mais un mauvais coup ne venant jamais seul, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, avait annoncé, quelques heures plus tôt, qu’il allait, au nom du président de la République, demander la dissolution du Collectif Palestine vaincra. Cette organisation, connue pour son intransigeance dans la lutte contre tous les racismes, est une nouvelle victime de l’amalgame entretenu par Emmanuel Macron entre critique de la politique israélienne de colonisation et antisémitisme. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour plaire au Crif en période électorale !

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier